Sentiment contradictoire que créé ce nouvel album d'Arno. En effet, en tant que critique, il semble difficile d'accepter qu'un artiste fasse à l'envi ce qu'il a toujours fait, rabâcher sans cesse les mêmes idées ne peut nous satisfaire. Mais dans un même temps, les changements ne sont pas toujours les bienvenus et l'on se retrouve à aimer exactement ce qu'on ne veut pas voir arriver, à savoir : venir chercher ce qu'on connaît.

Car au fond, on l'aime beaucoup Arno, buriné, drôle, chancelant avec un cœur gros comme ça. Son accent nous fait sourire, vibrer, tanguer, et quant il entonne des titres comme le single (prévisible) "Mourir à plusieurs" ou qu'il explique que "C'est mieux d'être avec une moche souriante / Que avec une femme belle et chiante" ("Miss Amérique"), on chavire. Et puis, il y a le trois temps alcoolisé ("Douce") et le final poing au cœur : "Reviens Marie" ; tout ça c'est du Arno classique, et on l’aime. En plus, il nous pond ici une de ses plus grandes réussites : "Red Lipstick", morceau tout en apesanteur avec une musique en suspension qui tourne autour de la voix du belge et s'envole à la manière du "I Want You (She's to Heavy)" des Beatles.

Mais la partie plus expérimentale ne nous branche que très moyennement. Gros riff de guitares un peu partout qui alourdissent beaucoup l'album, Arno a branché l'électricité mais de manière un peu ennuyante. C'est pas tout de crâner avec ses grattes, faut des bonnes mélodies derrière, ce qui n'est pas le cas des titres présents ici. Enfin, deux titres franchement con-con : un en ostendais ou on a vraiment l'impression qu'Arno est bourré sur une musique très médiocre et "I'm Not Into Hop" avec le rappeur Faf Larage qui cabotine la moindre ("yo, yo, man, yo, yo, Arno, peace man")!

Un album assez moyen, et si quelques titres sauvent Jus de box des cartons de soldeurs, le reste est trop lourdingue et rend ce disque rapidement fatiguant. Notation sévère, mais à mettre en perspective de l’ensemble de l'oeuvre.


- le sto, le 22 02 2007

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