On savait Malajube capable de grandes choses, mais jamais n'aurait-on cru que ce petit groupe rock québécois puisse connaître un tel succès hors des frontières polaires. Avec Labyrinthes, ces privilégiés du rock indé rejettent l'inertie pour s'engager dans de nouveaux virages, sans pourtant se renouveler complètement.

Comment répondre au succès d'un album que d'aucuns ont qualifié de classique ou encore de chef-d'oeuvre rock moderne ? La déception était certaine tant pour ceux qui attendaient une "Montréal -40°C" numéro deux que pour les autres, qui prévoyaient une mutation fulgurante de la part d'un band imprévisible. Eh non, Labyrinthes n'est rien de tout cela, seulement une belle progression musicale, soigneusement mise sur bande, dont l'écoute, quoique agréable, ne laisse aucune trace indélébile et précise, mais plutôt un état d'esprit général difficile à expliquer.

On pense ici à l'excellente, "Porté disparu", sorte de polka-cabaret, l'essoufflante "Les Collemboles" et sa finale complètement épique, ainsi qu'à la douce "Hérésie" qui est agrémentée de magnifiques arpèges de piano Wurlitzer. Les démons d'Harmonium récidivent aussi sur la mièvre "Dragon de glace", qu'on aurait très bien pu reléguer au rang de face-B. L'étonnement est enfin à son comble avec la finale, "Christobald", une pièce instrumentale aux forts accents métals et post-rock qui évoque les moments plus brutaux de Mogwai. Néanmoins, c'est l'aspect psychédélique, accentué par les multiples sons de claviers et les murs de guitares, qui prend le haut du pavé sur ce troisième album. L'exercice peut être laborieux, voire même lassant pour certaines oreilles, celles-là même qui avaient eu la tocade pour "Montréal -40°C" et "Pâte filo", mais on ne peut accuser Malajube de tomber dans la facilité. L'effort est exigé de la part de l'auditeur, qui doit laisser de côté ses appréhensions.

Alors non, Labyrinthes ne fera pas époque comme son prédécesseur l'a fait il y a exactement trois ans; heureusement. Les membres de Malajube ont opté pour le chemin le moins facile, mais aussi celui qu'il leur permettra de mieux briser leurs habitudes en tant que musiciens et compositeurs.

- Mathieu Dupont, le 6 03 2009