Voici que Daniel Darc commence à devenir une icône, un de ces mecs cramé qui a passé par toutes les étapes pour arriver à ce que son talent soit enfin (re)connu. Un album : Crevecoeur et voilà que tout le monde attend fébrilement l'insondable Daniel. Après un tel succès, pas évident d'aborder la suite. Sauf que Darc s'en fout, tant qu'il a de quoi finir son mois, celui qui se considère comme un écrivain frustré, est content. A mi-chemin entre Gainsbourg et Bashung, Daniel Darc se voit propulsé à la tête de la chanson française en mal de leadership dans le rayon : influences majeures encore en vie!
Amours suprêmes reprend les choses où Crevecoeur les avait laissé, Frédéric Lo apporte la musique, entre minimalisme électro, riffs de grattes et claviers agréablement rétro ("J'irai au paradis"), Daniel apporte les textes. Mais l'album est un peu plus disparate. Il y a les grandes réussites telle "La seule fille sur terre", belle histoire d'amour junkie ("Elle prend mes bras dans ses bras / Elle prend mon corps dans son corps") ; le rétro pop-rock "J'irai au paradis" ou l'atmosphérique "Ça ne sert à rien" qui s'envole avec douceur en comptant sur la participation toute faite de murmures et des respirations de Robert Wyatt. Il y a également les morceau dont on relève la qualité intrinsèque : "L.U.V." avec Alain Bashung (rencontre au sommet dont on attendait peut-être trop) ou le doux "Environ" qui clôture en finesse l'album. Et puis il y a les titres un peu raté dont le titre éponyme qui voit les limites littéraires et musicales des deux hommes.
Une fois passée la surprise de la résurrection et toute l'affection qu'on peut avoir pour le bonhomme, on se dit qu'on tient avec Amours suprêmes une belle collection de vignettes pop, parfois entêtantes, parfois anecdotiques qui valent la peine de posséder, juste pour elles-mêmes.
- le sto, le 20 02 2008