Le dernier album de Mos Def, The New Danger, avait demandé 5 ans, et avait reçu un accueil plus que mitigé, mais quoi qu’on en dise, on ne pouvait pas accuser le New-Yorkais de faire dans la facilité. Ce nouvel opus, sorti 2 ans plus tard, se veut un retour à un rap plus conventionnel, plus détendu et nettement moins expérimental que son prédécesseur.
Le disque ne contient aucun booklet, et dès le départ, Mos Def a prévenu qu’il ne ferait aucune promo ni interview pour Tru3 Magic, qui constitue le dernier album qui le lie à Geffen. La rumeur insinue que sa sortie a été précipitée pour permettre au rappeur d’être libéré de toute obligation contractuelle envers sa maison de disque, hypothèse que l'écoute de ce disque ne permet pas d'écarter...
Tru3 Magic laisse une impression d’ensemble assez morne, sans beaucoup de relief. Au niveau du rap, Mos Def manque singulièrement de punch, plus proche d’un demi-chant d’assez mauvais goût ("Dollar Day", "There is a way") ou d’un flow indistinct. Quelques morceaux sortent du lot, notamment "Fake Bonanza", qui rappelle les bonnes vieilles productions Rawkus, avec ses rythmes abrasifs et ses riffs de guitare accrocheurs. C’est aussi l’un des morceaux où on sent Mos Def réellement concerné par son sujet - l’inefficacité de la police, une économie sans pitié.
Mais la palme de la fénéantise revient à "Crime & Medicine" : un simple copier/coller de "Liquid Swords" de GZA, rigoureusement identitique au niveau instrumental - un sample intégral ! "Undeniable" reprend note pour note la mélodie de "Message from a Black Man" des Temptations. "U R The One" est parmi ce que Mos Def a écrit de plus médiocre, déversant un flot d’inanités (« You are the one, you are the one, fuck you ! I wish we never met, I wish we never kissed », etc...) sur une boîte à rythmes pourrave et 4-5 samples sans substance.
Dans l’ensemble, la musique manque d’agressivité et reste beaucoup trop propre, se permettant à l’occasion d’être de très mauvais goût, malgré la présence des Neptunes à la production. On peut dire de même de la performance de Mos Def, qui n’impressionne pas par sa force de conviction...Les jours de Black Star semblent bien loins. Un disque vite écouté et vite oublié, peut-être une simple obligation contractuelle, ou peut-être le symptôme d’un mal plus profond - l’avenir nous le dira.
- JP, le 5 01 2007