Après Lucy Ford, God Loves Ugly représente un retour à un rap plus minimaliste, avec une musique souvent limitée à une boîte à rythmes et une basse, ce qui rend cet album très monotone, d’autant qu’il dure près de 70 minutes. En plus, les rythmes sont loin de déchirer, ils restent très basiques, semblables d’une chanson à l’autre. Les samples sont assez peu inspirés - même l’harmonica utilisée en live sur "Give me" flotte un peu dans le vide, la harpe de "A Song about a Friend" a été posée dans la chanson, sans connection au reste. Beaucoup de samples vocaux sortis de film sont utilisés d’entrée de jeu. Les rythmes reggae de "Blamegame" en fin d’album et la chanson titre sont les rares morceaux à retrouver un Ant beaucoup plus inventif et percutant. Le reste du temps, la production qui n’a ni le punch d’Overcast ! ni le génie de Lucy Ford, les samples ressemblant à des samples alors qu’il devraient créer une chanson fluide.
Même si lyriquement Slug reste une valeur sûre, il manque un petit quelque chose sur cet album qui a de grandes conséquences : la spontanéité, l’intensité qu’on pouvait ressentir sur les albums précédents. D’un morceau à l’autre, une mélancolie monochrome domine, les mêmes thèmes sont ressassés, l’inventivité en moins. On ne sent plus tout le venin et l’intention de Sean Daley, un peu comme si Slug se caricaturait lui-même. Un morceau comme "Bleed slow", écarté de l’album studio et cantonné en b-side de single, me semble nettement supérieur à la plupart des morceaux retenus. L’histoire de meurtre racontée par Slug sur une ligne de piano sépulcrale fait vraiment froid dans le dos, sentiment qu’on éprouve très rarement sur l’album studio. Le binôme Slug/Ant semble à court d’idées, et au fil des minutes l’ennui guette. Certains fans d’Atmosphere ne jurent que par ce disque, mais pour moi il est en-dessous des meilleurs à tous les niveaux et représente une très mauvaise introduction au groupe.
- JP, le 1 10 2006