Je ne vais pas aujourd’hui vous parler d’un disque de rap instrumental pour rockeur en mal d’ouverture ou de hip-hop torché new-yorkais, mais d’un produit 100% graisse qui sent la West Coast à plein nez, la mythologie guerrière orientale et l’ego-trip enfumé (chassez le naturel il revient au galop, me souffle un amateur de Cypress Hill). DJ Muggs et Sick Jacken crépissent littéralement les murs de leurs beats lourdingues et de leurs samples mélodico-épiques comme j’eus cru que l’on en faisait plus. Cynic y pose son flow acéré, en anglais et occasionnellement en espagnol, comme sur l’étonnant "Ciclon", au rythme big-beat rentre-dedans proche d’un Prodigy. Mais le moment d’anthologie qui vous poussera à écouter le disque plus souvent qu’à son tour, c’est le morceau titre et sa mélodie sautillante et déglinguée. Même les ballades comme "Land of Shadows" n’ont pas cet arrière-goût mièvre irritant de beaucoup de production hip-hop, et sont de toutes manières pondérées par la présence de tueries autoroutières comme "Unorthodox Blocks". On pourra sans doute reprocher au disque de faire primer la forme sur le fond, mais devant tant de maîtrise et une inspiration qui ne fait défaut à aucun moment, on aurait tort de ne pas en faire son disque des lundis matins brumeux pour quelques semaines au moins. Les vieux briscards du hip-hop ont au moins ceci d’agréable qu’ils n’encombreront pas mon cerveau de circonvolutions métaphysiques.
- lina b. doll, le 10 11 2007