Attal, Jérôme > Comme elle se donne

Comme elle se donne
3.2006
Notation
Francophone   Rock   New Wave

Le drôle d’oiseau qu’est Jérôme Attal n’est ni un corbeau à la noirceur sans espoir, ni un paon qui se regarde passer avec suffisance. Atypique, son registre marie cold wave façon Interpol ou The Cure aux réflexions gainsbouriennes sur l’amour…qui n’est pas rose bien entendu. Détaché, nonchalant mais toujours touchant, ce dandy esquisse à la façon d’un Nick Cave un portrait en noir et blanc d’une génération aux rêves envolés, aux relations tordues qui s’effilochent sans espoir de jours meilleurs.

Autour de Jérôme Attal : un bon groupe de rock de haut niveau. Soudé, véritable machine huilée pour durer et faire mal, les membres usent et abusent de riffs énergiques, entre lourds tempos serrés et pianos aux échos gothiques. Rarement chanteur de l’hexagone aura été tant soutenu par une troupe rock cohérente, bien loin du «remplissage» des espaces laissées vides par les textes.

Ainsi, à l’écoute de «Laisse moi devenir ton homme» ou «Demain sans importance», une froide lueur rend le lugubre en fin de compte dangereusement entraînant, valse des sous-sol où déambulent les filles faciles. Duo troublant aussi sur «Quand tu ne m’aimeras plus» avec Mélanie Laurent. Sur la longueur d’un disque pourtant, Jérôme Attal peut baisser sa garde ; l’ouverture tapageuse de l’album («Comme elle se donne») me laisse personnellement de marbre malgré sa fièvre. Mais ces petites notes dissonantes (ainsi qu’une pochette léchée un poil trop convenue) ne gâchent heureusement pas la qualité d’un rock sombre et tendu, rendant justice au parolier de talent qu’est Jérôme Attal (pour l’anecdote, on l’a bien vite supplié d’écrire pour Jane Birkin ou «Ah Que» Johnny ... Et comme il faut bien vivre…).


- runeii, le 7 07 2006