Méliès, Arman > San Andreas EP

San Andreas EP
6.2005
Notation
Francophone   Folk

Après avoir sorti un premier mini-album déjà remarqué (« Le Long Train Lent & les Beaux Imbéciles ») en octobre 2003, publié chez BIZARRE K7, Arman Méliès a véritablement décollé avec son premier LP en novembre 2004 (« Néons Blancs & Asphaltine », publié chez Noise Digger). On a alors découvert tout le potentiel de cet auteur-compositeur plutôt atypique dans le paysage de la chanson, puisant allégrement de l’autre côté de l’atlantique pour façonner son folk épuré et solaire. Les influences sont à rechercher du côté de l’indie-pop rock, soit le minimalisme de Will Oldham et consorts associé à des dynamiques plus étoffées façon Black Heart Procession (en particulier l’utilisation d’instruments propices aux ambiances morriconesques).

Mais loin d’être un vulgaire plagiat, cet aspect du grand ouest américain se voit étonnamment associé à des paroles toutes en français, qui ne ressemblent à rien de connu si ce n’est que les textes d’Arman Méliès sont un puissant éloge à la rêverie.

Ce EP reprend le titre d’une des meilleures compositions du dernier LP. Ainsi, « San Andreas » évoque au départ la nostalgie et la moiteur d’un été perdu, presque claustrophobique de par ses tonalités saturées. La clarté surgit à mi-course, on sort la rythmique de l’ombre, les instruments se dévoilant les uns après les autres (xylophone, nappes de guitare, quelques bidouillages électro maison). On navigue ici dans une palette de sonorités qui évoque Devics (période « My beautiful sinking ship »), tout en étant plus tranquille et aérée. C’est dire que musicalement, le niveau est plutôt bon !

Le ton de l’ensemble du disque est toujours mélancolique, mais sans jamais être larmoyant. Les textes poétiques touchent souvent (« l’espoir jamais ne s’use, de se perdre enfin durant des heures »), oniriques presque à l’excès, au point qu’il est parfois difficile d’en suivre le fil. L’intérêt central de ce EP consiste en ses 6 titres inédits qui permettent une excursion dans d’autres territoires musicaux. Ainsi, la reprise du « sunflower » de Low où le talent d’orchestration de Méliès excelle, oscillant entre la retenue et de délicates envolées. Cette miniature finement ciselée nous laisse épinglé haut dans le ciel. Pour le reste, notons encore une étonnante reprise des Blonde Redhead (« Luv Machine »).

Au final, on obtient la bande-son idéale pour une fin d’été à la fois triste mais apaisée.

- runeii, le 5 08 2005