Pour la petite histoire, c’est un disque inattendu qui s’est spontanément imposé à mes ouïes au détour d’un hypermarché du multimédia. Et qui a exactement répondu à mes besoins du jour. Du rock électrifié dans son essence classique, mais au son plutôt brut de chez les brut, joué sans se prendre la tête et avec suffisamment de savoir-faire, un disque de Neil Young comme il en existe sans doute des douzaines d’autres.
Avec le recul, c’est la cohérence de cet album qui m’a touché, aux antipodes du melting-pot brinquebalant de Chrome Dreams II. L’ignoble pochette m’ayant d’abord fait penser à un vide-grenier de faces b. Même si tous les genres musicaux du loner sont touchés (la balade, le gospel, le rock’n roll), tout a l’air neuf et semble se tenir ensemble.
Titre emblématique des petites 40 minutes de l’album et déjà souvent joué en concert, "Just singing a song" et son chorus prennent par surprise, n’ayant pas peur de rattraper le temps perdu de "Cinnamon Girl". Puis, des bizarreries presque rappées ("Cough up the Bucks") nous font dresser les cheveux sur la tête, et on se dit que, pourquoi pas au fond, Neil Young arrivant on ne sait comment à s’en sortir avec certains honneurs. Même les quelques titres de remplissage ("Hit the Road", le single "Johnny Magic") possèdent un je ne sais quoi de spontané qui donne envie d’y croire. Et de passer à autre chose une fois le ventre plein.
Sans doute écrit d’une main distraite par son auteur, plongé dans la perplexité de son monde moderne (l’écologie ainsi que la voiture électrique se taillent une bonne part de l’inspiration des 10 titres), puis joué les yeux fermés avec son backing-band de luxe, Fork in the Road ressemble aux vieilles photos polaroïd jaunies d’un autre temps remises au gout du jour en numérique. Des grosses ficelles, de quoi se faire plaisir, bref, du Neil Young là où on ne l’attend pas vraiment. Avec, en prime, un sticker « Parental Advisory (!) » dans sa version US.
- runeii, le 12 06 2009