Pour illustrer encore mieux la parfaite accointance de Jim Jarmusch et Neil Young, suite à la bande originale du film Dead Man, Jim a filmé au gros grain et caméra à l'épaule la tournée de Broken Arrow pour en tirer Year of the Horse. Le film étant sorti, ce double album live est venu en support pour ceux qui n'ont pas l'image. Comme bien souvent avec Neil Young, on ne sait pas trop où ont été enregistrés les titres, ni même l'ordre de ceux-ci dispersés à la louche sur les deux plateaux. Tout est jeté un peu aléatoirement, à l'auditeur de se refaire un ordre, et au fond, on aime bien ça chez notre Loner…
Les douze morceaux sont balancés fièrement et à l'arrachée par un Crazy Horse ravi de pouvoir soutenir le maître qui les avait délaissé pour s'en aller fricoter avec Pearl Jam. Mais à l'inverse de Weld ou le groupe sortait toute son énergie pour rendre le live le plus rock possible, sur Year of the Horse, les quatre hommes s'en vont dans de longues parties de guitares hypnotiques amenant les titres dans une sorte de rock dur mais planant plongeant l'auditeur dans une apesanteur sourde, épaisse et noire. Son brut, propos du même acabit, Neil Young envoie valser ses titres connus et obscurs dans les filets d'un public abasourdi par cette tension latente.
On retiendra particulièrement la version électrifiée de "Pocahontas", un obsédant "Danger Bird" aérien, la finesse revisitée de "When Your Lonely Heart Breaks" issu de l'album Life ou encore "Slip Away" et ses méandres larseniques.
Même si l'on pourra à juste titre regretter l'absence de titres des derniers albums du Loner à cette période (particulièrement Mirrorball ou Sleeps With Angels) ce disque, qui s'adresse particulièrement aux fans, est surtout indispensable pour l'atmosphère sourde et lancinante de titres que revisite un Neil Young et son Crazy Horse en apesanteur.
- le sto, le 31 12 2007