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Blood Bank EP
1.2009
Notation
Rock   Pop   Folk

Si certains ont cru que le musicien n'arriverait pas à transcender le style unique de ce For Emma, Forever Ago, que l'instant magique serait difficilement renouvelable et que Bon Iver risquerait d'être l'homme d'un seul album, Blood Bank est là pour jeter un doute sur ces assertions précipitées. Ce maxi de quatre chansons, s'il poursuit sur la lancée du premier disque, ouvre aussi de nouvelles portes menant à des sentiers plus chaleureux.

"Blood Bank", la pièce qui ouvre le EP aurait très bien pu ouvrir l'album précédent, même pureté angélique, mêmes sonorités intimistes et vastes à la fois, où la voix «multi-piste» de Vernon prend tout doucement le haut du pavé, sous l'appui d'une guitare jangly à la R.E.M. Pas de surprise pourtant.

Cela devient plus intéressant sur les deux derniers morceaux. "Babys", qui consiste en une note de piano jouée en boucle pour un effet de tension bien réussi, qui, accompagné du chant de Vernon, prend une dimension onirique. Une expérimentation plutôt réussie. Enfin, "Woods" retient toute notre attention puisque la pièce chantée a capella est marquée par l'utilisation du nouveau joujou de Kanye West et de L'il Wayne, soit l'Auto-Tune. L'idée qui semble a priori désastreuse est pourtant étonnante: la voix d'ange de Bon Iver, étalée sur plusieurs pistes (comme toujours), devient ici presque robotique et prend une tournure très soul vraiment surprenante. Comme quoi cette symphonie vocale hautement technologique annonce la volonté de changement de notre ami dont la créativité aurait pu être à jamais enfermée dans sa cabane de chasse du Wisconsin.

Blood Bank présente ainsi un artiste à la recherche permanente de son identité, quelqu'un qui ne craint pas de décevoir en menant des expériences bénéfiques pour l'évolution de son art. Maintenant entouré d'un groupe complet, Justin Vernon s'éloignera sans doute du langage utilisé sur For Emma, Forever Ago pour nous offrir des sonorités encore plus riches et variées, tout en gardant, on l'espère, cette âme de reclus écorché qui nous a tant fait pleurnicher. Ce mini-album annonce une carrière prometteuse. Vous voilà prévenus.


- Mathieu Dupont, le 20 02 2009