Si, si, on l’avait bien vu passer fin 2007, Justin Vernon et sa guitare pour seule amie. Seulement ce package minimaliste guitare folk-chanson à texte-troubadour façon Into The Wild ressemblait à tant d’autres qu’on s’est vite dit que Bon Iver resterait cloîtré dans sa saison.
De l’eau a coulé sous quelques ponts depuis. Tunde Adebimpe de TV on the Radio a recommencé de fredonner sous sa douche, et hasard heureux, 4AD les a réuni sous une même étiquette. Aux antipodes musicalement, leurs timbres de voix se rejoignent autour d’une grande soul entre les gimmicks de Roger Nelson (oui, L’Artiste, le Symbole de l’Amour) et les feulements de velour du jadis grand Grant Lee Philips.
Nouvel hiver en vue, une fois la chance donnée aux neuf titres de déployer leurs charmes, on se sent implacablement happé par l’isolement de For Emma..., cloîtré au fin fond du Wisconsin, entre les engelures, le blizzard et la chasse à l’élan pour survivre. Cette vie de reclus a été volontairement cultivée pendant trois longs mois par son auteur. C’est ainsi uniquement par la chaleur de ses vocalises que Vernon est parvenu à brûler quelque chose, ici un amour perdu, là un groupe de rock dissolu ou une maladie.
De cette expédition invraisemblable émerge une magie fragile, entre générosité et privation, empreinte à filer loin au fond de notre hiver. Un folk sans âge, nostalgique et dépouillé, qui pousse gentiment le modèle Mark Kozelek vers une retraite anticipée.
- runeii, le 27 11 2008