Watson, Patrick > Wooden Arms

Wooden Arms
5.2009
Notation
Rock   Pop   Folk

Patrick Watson fait maintenant partie des meubles, notamment depuis la parution de son second opus, Close to Paradise, heureux récipiendaire du prix Polaris 2007.

Wooden Arms est un album plus expérimental qui tire ses sources de deux ans de tournée intensive entre l'Europe, le Canada et les États-Unis. C'est peut-être pourquoi, il semble faire fi des frontières, géographiques et temporelles. Oui, l'influence d'un Jeff Buckley ou d'un Nick Drake est toujours aussi manifeste, mais la formation s'offre cette fois-ci un voyage sonore beaucoup plus riche et varié. On entrevoit souvent le spectre de Steve Reich, de Philip Glass ou d'Erik Satie au niveau du piano, tandis que les percussions de quincaillerie, inventives à souhait, prennent souvent le haut du pavé, à la manière d'un Tom Waits ou du génie des compositions cartoonesques des années 1940, Raymond Scott.

Première constatation, le piano n'est plus le seul maître mélodique à bord, laissant plutôt cette place aux violons, et ce, afin de créer des motifs répétitifs très similaires à ceux que l'on retrouve en musique classique contemporaine. Ensuite, on remarque le travail du percussionniste Robbie Kuster, véritable vedette de Wooden Arms, qui, à la manière d'un Guy Nadon, fait résonner, cliqueter, grincer et vibrer toute sorte d'objets hétéroclites, allant des casseroles jusqu'aux roues de vélo.

Encore plus inattendue est "Beijing", sorte de croisement entre Final Fantasy, le Bell Orchestre et Sigur Rós, qui ressemble à tout sauf à une chanson pop. Et pourtant, on y reconnaît les mélodies, sans toutefois réussir à en déceler les contours, tellement ce morceau virevolte dans tous les sens et use d'armes de destruction sonore encore introuvables à ce jour. Brillant. Suit la douce valse sicilienne "Wooden Arms", où on peut entendre la nouvelle voix de Lhasa de Sela.

La surprise nous attend à chaque détour sur ce Wooden Arms, si, bien sûr, on se permet d'être un tantinet attentif. En réduisant les frontières qui séparent trop souvent les musiques populaire et contemporaine, mais surtout, en le faisant de façon tout aussi ludique que rigoureuse et subtile, Patrick Watson réalise un tour de force. Celui qui consiste à élever l'âme de l'auditeur, sans oublier de combler ses bas instincts.


- Mathieu Dupont, le 19 05 2009

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