Ulver est véritablement un groupe étonnant. Auteur d'albums de black metal écorchés et d'un album de folk nordique dans les années 90, puis dans les années 2000 explorateur intrépide des territoires de l'electro urbanisante "à la Amon Tobin" ai-je envie de dire (et je me comprends). Enfin quand je dis "explorateur intrépide", je trouve personnellement que le côté touriste allemand-chaussettes blanches-birkenstock primait sur le fouet et le chapeau qui sont l'apanage des aventuriers, tant il est vrai qu'un album comme Perdition City fait à mes yeux partie de l'arrière-garde de la musique atmosphérique pour metalleux bas du front, mais là n'est pas la question.
J'en arrive à ce Shadows of the Sun, pochette de l'année, qui interpelle par son funambulisme impénitent. Comment en effet traverser un tel océan de kitsch sans y tremper ne serait-ce qu'un orteil ? Ulver cabote le long des terres de Dead Can Dance en proposant une musique ambiante à l'orchestration resplendissante, quelque part entre la bande-son d'un film français chiant mais contemplatif et une élévation spirituelle monastique qui grandit l'âme et annihile la volonté. On peut affirmer sans mentir qu'ils n'ont pas froid aux yeux, ces vaillants troubadours qui ne lésinent pas sur les moyens pour donner à leurs flonflons les échos épiques qu'ils méritent. Et ils décrochent la timbale avec une aisance déconcertante, puisque même les ayatollahs du bon gout s'y laissent prendre (je ne citerai pas de nom). A leur décharge, il est vrai que la production ample et cotonneuse exerce une indicible séduction qui pousse à revenir à l'album encore et encore, juste pour être sûr que ça ne risque pas d'être encore mieux que la dernière fois... Très très réussi.
- lina b. doll, le 3 11 2007