Part Monster est l’antidote aux errances d’un groupe oublié… non que les derniers opus du groupe de Glen Johnson patinent depuis plusieurs années dans le brouillard, ce serait leur faire offense. Dream-pop mâtinée de cold-wave, accents tantôt pop, tantôt électroniques ainsi qu’invités de marque (dont le leader des Czars reste le plus régulier) ont fait de Piano Magic un univers à l’esprit singulier. Le fantomatique Disaffected en 2005 nous en laisse quelques engelures.
Depuis Artists Rifles en 2000, la vision de l’Anglais semble s’être dispersée et perdre de sa consistance. Part Monster change à première vue cette perspective là . Evitant les travers de ses prédécesseurs, il vise à une cohérence d’ensemble finalement bienvenue, mais surtout opère un virage résolument rock.
Etrangement, Piano Magic pose un pied sur les terres d’armes d’Interpol ou de Calla, entendez par là que la vague néoeighties post Joy Division compte un prétendant de plus, plutôt inattendu. Guitares scintillantes, pulsations rythmiques en premier plan, Part Monster distille une énergie vitale à la fois ronde et brûlante. Pour preuve, il fallait oser la relecture musclée du déjà monumental "Incurable" (issu sur un Ep du même nom en 2006). Révolution de velours toutefois, sachant que Guy Fixsen (Laika, collaborateur de Slowdive, My Bloody Valentine ou Lush) assure aussi à cet album sa dose de coton et de vapeurs éthérées.
De ce fait, malgré un premier visage plutôt neuf et réjouissant, la voie choisie peut devenir parfois un poil caricaturale et en manque de nuances. Quelques pauses réflexives de bon aloi décrispent nos petites impatiences, touchant à un émotionnel plus contenu (le crépusculaire "England's Always Better (As You're Pulling Away)" avec ses cuivre en contrepoint). Rares cependant, elles ne parviennent pas totalement à faire de ce demi-monstre un réel objet de terreur ou de fascination.
Mais j’insiste, il vaut la peine de l’apprivoiser, et principalement pour ceux qui n’auraient jamais tenté d’approcher ce groupe hors normes, un peu rétro mais très attachant. Et on peut bien pardonner à Piano Magic son nom quelque peu ridicule.
[Plusieurs titres en écoute sur MySpace]
- runeii, le 27 06 2007