Le nouveau Neurosis sent la poudre, dès les premières notes du titre éponyme, l'on rentre dans un tourbillon de noirceur électrique définitivement rock. Cet opus produit par l'habitué Steve Albini est abrasif, sombre, puissant, post-hardcore comme on le dit dans les milieux autorisés. D'entrée on est surpris par l'épaisseur du son, la lourdeur de l'ensemble, au sens noble du terme. L'architecture tressée par les guitares acerbes qui tiennent la vedette, la batterie soutient à bras le corps la structure et la voix rageuse sorti d'outre tombe enfonce encore plus l'auditeur dans sa torpeur métaphysique.
Mais le nouveau Neurosis semble aussi un petit peu paresseux. Loin de là l'idée de parler de grosses redites ou de manque d'inspiration, ce disque reste un bon produit. Mais un petit sentiment que sous le ciel bas et lourd de Given to the Rising, les choses se sont laissées écrire, que parfois un petit peu de fantaisie n'auraient pas déplu sur un disque qui, malgré une structure compliquée, nous semble parfois plus linéaire qu'il ne devrait. Certains titres, à l'image de l'héroïque "To the Wind" ou "Distill" semblent un peu cousu de fil blanc dans leurs alternances chaud-froid. On est un peu plus surpris (en bien) d'un urgent "Hidden Faces" ou du progressif "Origin" débutant dans la cristalline intimité électrique pour s'en venir prendre un frontal dans un mur de guitares dressés pour l'occasion !
Ne boudons pas en tous les cas Given to the Rising, c'est un album lourd, sombre et psychédélique comme on peut les aimer, qui se situe dans le haut du pavé du panorama post-hardcorien ambiant, et au milieu des productions de ce groupe très classe.
- le sto, le 19 06 2007