Lourd. C'est probablement ce qui caractérise le mieux ce disque. Pesant, prenant, envoûtant, mélancolique, beau, jouissif, sombre, oui tout cela également, mais lourd définitivement! Ce qui est fantastique avec cette œuvre, c'est la diversité qu'elle offre tout en restant dans la même veine, saturée certes, mais créative. On peut varier, innover en faisant retentir les guitares, en alourdissant la basse, en martelant sourdement une batterie. On reste totalement scotché dans le fauteuil, l'impression qu'on ne pourra se lever pour aller régler les basses de son ampli, comme si tous les membres de notre corps refusaient de répondre à l'exception de la tête frappant les rythmiques lourdes des cymbales et de la batterie.

Bien sûr ce genre d'opus ne se laisse pas apprivoiser si facilement, soit on passe totalement à côté car on trouve ça trop bruyant et tant pis. Soit on entre dans le trip de Justin Broadrick, on franchit la petite porte de la pochette et on décolle. Et une fois l'ouverture franchie, on est totalement investi par cet état de transe que nous provoque un riff de guitare lointain mais insistant d'un "We All Faulter", les voix désespérées de "Walk on Water", la persistance de "Sun Day", l'urgence de "Man/Woman" ou l'impressionnant "Friends Are Evil".

On pourra évoquer Tool, Neurosis, Dark Tranquillity ou encore Devin Townsend pour tenter de cerner un peu l'état de cet indispensable chaudron brûlant qui nous est livré ici. Car une fois la petite porte franchie, on ne revient jamais vraiment, on veut toujours garder quelque chose de ce voyage bouleversant qui triture tous nos acquis, nous prend dans tous les sens et nous rappelle comment les sons peuvent procurer des émotions intenses. Un album d'une beauté et d'une puissance effrayante!

- le sto, le 30 06 2005

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