Grinderman : une mauvaise blague ? Le coup de tête d’un artiste vieillissant qui refuse la mise au placard ? Le nouveau départ que tous les déçus des Bad Seeds attendaient ? Nick Cave évite de répondre directement à ces questions légitimes… après tout, c’est la musique qui doit parler, et notre quasi quinquagénaire (à quelques mois près) n’a plus rien à nous prouver sur ce terrain.
Laissons donc tomber les points de comparaison : Grinderman n’a rien à voir avec le collectif des Bad Seeds même s’il en compte trois, le barbu Warren Ellis (maître ès violon et bouzouki électrifié), le bassiste immuable Martyn P. Casey, le batteur de Abattoir Blues, Jim Sclavunlos. Et première surprise : Nick Cave, repu du piano, s’essaie à la guitare électrique.
Direct, plutôt cradingue (même si on a vu plus noir) et droit dans ta face, Grinderman se veut un concentré de blues tordu, de punk maladif, l’attitude générale singeant tantôt les Stooges ou leurs descendants révoltés (voir les Drones ou le Jon Spencer Blues Explosion).
De véritables moments de gaudriole au menu : «Get it On» précédé de son chapelet d’injures et cramé par son riff dévastateur, puis le déjà classique «No Pussy Blues», soit les errances d’un pauvre mec en manque. Des clins d’œil (l’impuissant de «When My Love Comes Down»), quelques rares moments de répit («Man In The Moon»), ce premier Grinderman reste un peu trop éclaté dans son approche pour tout ceux qui attendent un produit bien fignolé comme l’Australien en a eu l’habitude.
En fait, il faut remonter jusqu’à From Her To Eternity en 1984 pour retrouver les lignes directrices de ce projet : entrer en studio sans savoir ce qui sera fait, improviser entre quatre potes, se donner du bon temps et des décibels. Ces ingrédients de base ne suffisent pourtant pas pour en faire un chef d’oeuvre, mais Grinderman nous fait déjà rigoler, et c’est tant mieux.
- runeii, le 16 03 2007