Une fois n'est pas coutume, la pochette du disque me servira de prétexte et d'introduction. Quel bel objet franchement, même si d'aucuns, cuistres, ne manqueront pas de dire que leur petite soeur fait pareil. Jolie parce que bricolée, bordélique mais en fin de compte terriblement attirante et décorative. La musique du groupe, anciennement Julie Rocks You, est à l'avenant. Le noise-rock y est à l'honneur, et les références se télescopent joyeusement sans pour autant devenir envahissantes.
On pense bien sûr à certaines gloires 90's de chez Touch&Go entre autres, et s'il fallait vous fournir un descriptif clé en main, je dirais volontiers qu'on se situe quelque part entre Jesus Lizard et Primus ; ça vous fait une belle jambe, me direz-vous. Du premier on trouve le goût du bordel jusqu'à l'hystérie, et du second on trouve l'aspect parfois implacable d'une logique rythmique de métronome sous acide. La vérité c'est qu'au milieu de toutes ces références en filigrane, Televator se tracent une voie relativement personnelle, n'hésitant pas à recourir même à un saxophone, si pas tout à fait zornien, du genre qui ne dépareillerait pas sur un disque barré façon Ipecac, et ce sur ce qui est sans doute le morceau de bravoure de l'album, l'excellent et dynamique en diable "The Switch" qui se permet de divaguer longuement sans nous ennuyer pour autant.
S'il fallait trouver des défauts à ce disque, on pourrait évidemment invoquer les fameux poncifs de l'eau chaude et de la poudre, mais ce serait sans intérêt et tout à fait veule de notre part. Non, le plus gros défaut de ce disque est sans aucun doute son hermétisme, peut-être dû à un certain manque de relief qui le rend difficile d'accès en tant que musique domestique. Nul doute que les morceaux prennent en concert une autre dimension, sur album, reconnaissons qu'ils ne sont pas forcément de ceux avec lesquels on se réveille le matin pris d'une urgente envie de s'en mettre un entre les esgourdes, quand bien même l'album fonctionne étonnamment bien sur la longueur. En résumé, l'excellente impression que me laisse Inner/Sister devra maintenant être confirmée en live, et croyez bien que le cas échéant, vous en serez les premiers informés.

Pour rappel, Ishii Kamikazi et musique-chroniques vous proposent de participer au tirage au sort afin de gagner un des cinq exemplaires du disque mis au concours. Envoyez vos coordonnées à linabdoll@musique-chroniques.ch pour participer, les gagnants seront prévenus par e-mail.

- lina b. doll, le 1 10 2009