Un disque peut parfois en cacher un autre, et forcer le chroniqueur à un mea culpa en toute humilité. Merci à Jesse Sykes et à son groupe The Sweet Hereafter, j’ai failli passer à côté de vous.
Première impression : contact agréable, bonne présentation, compétences certaines, mais déjà entendu... c’est d’ailleurs bientôt la pause, à bientôt chère Madame (mais ça m’étonnerait), et chronique suivante.
J’ai le malheur de rencontrer Mme Jesse Sykes à nouveau sur mon lecteur cd ; décidément cette dame s’accroche et ne veut pas comprendre… Mon doigt s’arrête sur la touche «eject», mon oreille malgré moi s’est fait entraîner dans «The Air is Thin». Bon sang, cette voix si étrange n’est finalement pas une pâle copie des suiveuses baba habituelles... Rauque, essoufflée, fragile comme du verre, rapeuse aussi. J'imagine Beth Gibbons nicotinée avec vingt ans de plus, flirtant non pas avec les sommets vertigineux, mais lorgnant vers les accents soul profonds d’une Tracy Chapman, en plus vulnérable. Saisissant.
Alors je découvre la clique de la dame Sykes (domicile : Seattle); Phil Wandscher, un gratteux qui a bossé ses gammes, enlumine ses arpèges d’une esthétique surannée sixties et seventies. Ses doigts connaissent les nuances et les contrastes, entre langueurs folk, blues et électricité rageuse plus psychédélique. Je note la section de cordes, l’harmonium, la présence en guest de Nicolai Dunger. Beau boulot, c’est il est vrai déjà le troisième album du groupe qui semble avoir atteint une pleine maturité artistique.
Me restent au final mes amendes honorables, ainsi que mon coup de cœur a postériori pour cet album ma fois un peu vintage, mais qui dégage son indicible aura au fil des écoutes. Merci Jesse Sykes d’avoir insisté, vous êtes retenue.
[Extraits musicaux à écouter ici]
- runeii, le 8 03 2007