Groupe culte : késako ? Entre autres American Music Club. Acharnement du destin ou fatalité assumée, le combo de San Francisco en a réuni tous les ingrédients pendant ses 20 ans de carrière. Et ce 9ème album restera un peu à son image : songwriting en quête de perfection, contrasté par les errances textuelles de Mark Eitzel, une fois encore ironique et désabusé sur lui-même. Une impitoyable béance, de ce fait, entre les talents pour se réapproprier l’histoire musicale et une attitude volontairement anticommerciale.
Pour le meilleur au départ («All My Love», «Decibels & the Little Pills»), The Golden Age respire les vieux bois précieux, se lovant confortablement au cœur d’une esthétique pop-folk sixties-seventies, réalisant des ponts que ne renieraient pas CSNY, entre balade folk, pop-song surannée, et harmonies jazzy parfois aux prises des musicals («All the Lost Souls»). En version soft-rock, l’art consommé du patchwork d’influences, comme à l’accoutumée. On dira que c’est un choix comme un autre.
Trames en majorité acoustiques, rythmique mid-tempo : on avait presque oublié qu’AMC, comme ses compatriotes Idaho ou Red House Painters, restent les rois du slowcore ! Les limites à l’exercice ? Le sentiment que tout baigne dans la même soupe, la faute à une alchimie presque trop dosée. Point de grand large, l’âge d’or se veut cosy et ronronnant, assez loin je trouve de son protéiforme prédécesseur, Love Songs for Patriots(2004).
Dieu merci, «The Stars» viendra virer plus crûment de bord sous les houles d’un powerchord rageur. La perle, sans aucun doute, qui avec le mariachi-rock sympathique de «I know that’s not really you», épicent l’ensemble. Deux instants de liberté consommée, mais ça fait un peu tendre pour le barbu rocker affamé de riffs.
Pari presque réussi, donc...Mark Eitzel souhaitait une œuvre facile d’accès, aux accents pop, écoutable à l’envi. The Golden Age s’avère en fin de compte manquer d’audace et certainement encore d’audience, malgré ses belles qualités d’écriture. Le culte peut continuer !
- runeii, le 5 02 2008