Admettons que je n'ai jamais entendu parler de Funeral, , l'album de 2004 qui réussit l'impossible pari de concilier toutes les critiques, des plus élitistes au plus populistes. Il est vrai qu'on avait presque plus vu cela depuis un certain O.K. Computer. Admettons que je n'ai jamais regardé les 3285 premières pages des magasines spécialisés ou non en musique qui arborent fièrement les bobines des canadiens bohèmes. Admettons…
Eh bien je penserai probablement que ce groupe réussit à créer des chansons qui sont de pures merveilles : "The Well and the Lighthouse" et "Windowsill". Mais que pour ces deux titres, il faut s'en taper neuf autres qui virent entre le très convenable ("No Cars Go"), le grandiloquent d'un goût discutable (l'orgue de "Intervention" qu'on dirait tiré d'un des album fins de Yes (!), Close to the Edge par exemple), les trucs sympas mais qui décollent pas malgré toute l'énergie qu'ils peuvent y mettre ("Black Mirror") et les trucs un peu gonflants ("Keep the Car Running").
Le plus amusant, c'est qu'au milieu de tout ça, il y a un truc qui est incompréhensible car il m'évoque un artiste que je n'aurais jamais imaginé s'inviter sur Neon Bible : Bruce Springsteen. "(Antichrist Television Blues)" est parfaitement ce que faisait le Boss dans sa période fin 70's-début 80's. Tout y est, voix, rythmique, claviers du E-Street Band, intonations, et mêmes les paroles auraient pu venir du père Bruce. Après Elton John pour les Scissor Sisters, Bruce Springsteen pour Arcade Fire! Allez roulez jeunesse…
Alors bien entendu, il m'est impossible de faire admettre que je ne connaissais pas, je me dois donc d'être un peu de mauvaise foi. Mais en faisant comme si, en imaginant que je débarquais de la planète Mars ou d'un pays non industrialisé, je suis pas sûr que je me serai jeté sur cet album qui, malgré des qualités indéniables, abuse un peu beaucoup du grandiloquent et des arrangements pompiers !
- le sto, le 6 03 2007