Newsom, Joanna > Ys

Ys
11.2006
Notation
Rock   Folk

Tout était pourtant réuni pour que Ys, second album de la harpiste Joanna Newsom, fasse un carton mémorable pour tous les amoureux du folk. Dans la balance, les producteurs Van Dyke Parks (pour les arrangements de cordes) et Steve Albini (la harpe et la voix), le mixage de Jim O’Rourke de Tortoise, plus quelques ajouts lo-fi de Bill Callahan (Smog). N’oublions surtout pas l’élogieuse réputation qui la précède (The Milk-Eyed Mender, en 2004) : cette véritable icône néo-folk peut se targuer d’avoir à la bonne des pointures aussi prestigieuses que Cat Power ou Devendra Banhart. Les influences forcent au respect, en particulier la toute grande Karen Dalton en tête, dont les vocalises et le timbre inoubliable ont grandement inspiré la petite Joanna.

Mais autant prévenir tout de suite : Ys ne tient pas ses promesses. Cinq titres entre 7 et 17 minutes ne peuvent éviter des longueurs interminables ; le phrasé de la chanteuse, évoquant souvent celui de l’islandaise Björk, finit aussi hélas par agacer, entre simagrées et exaltations enfantines. Cela fait certes partie de son charme, mais là, Joanna en fait trop, trop longtemps. C’est dommage, tant certaines parties gagneraient à exister pour elles mêmes, en tant que miniatures, hors de cette ampleur baroque qui alourdit Ys. A rapprocher en cela des faiblesses des dernières productions de Sufjan Stevens.

Alors oui, certains hurleront peut-être au chef d’œuvre littéraire, de par un concept inédit (à savoir que Ys se veut une collection de contes de fée plus ou moins dramatiques pour nous les adultes...tout un programme). Je dirai pour ma part que même si Ys ne ressemble à rien d’autre de connu, il demeure bien souvent une vaine masturbation intellectuelle, sans réelle saveur et manquant de tripes. Mais cela n’empêchera certainement pas Ys d’être élu disque de l’année.


- runeii, le 18 12 2006