Très étonnant ce Monsieur E, on a un peu l’impression qu’il peut faire tout ce qu’il veut et que ça restera de la bonne musique. Certes, un peu de subjectivité direz-vous, néanmoins force est de constater que l’idée de mettre des cordes dans son jeu ne gâche rien aux compositions de Eels. Si certains artistes se noient sous le flot d’un orchestre symphonique, maître E et sa rocailleuse voix en vont à l’essentiel et se contentent de 4 aides externes.
Eels en string, ou comment rendre ses titres souvent caverneux encore plus inquiétants. Car ici l'utilisation des cordes en écho à la musique du groupe donne une dimension digne du noir de la pochette. Si les instruments accompagnent en donnant de la perspective et un certain recul aux titres ("Bus Stop Boxer" ou "The Only Thing I Care About"), elle donne parfois un air noble inattendu à d'autres ("It's a Motherfucker"; "If You See Nathalie" ou "Suicide Life"). A l'opposé, certains titres nous foutent la chair de poule, tel le final de "Flyswatter" ou la version de "Novocaine for the Soul", nous indiquant que Monsieur E n'est malgré tout pas si net que ça dans sa tête.
Evidemment, il y a quelques titres qui n'iront pas directement au paradis, à l'image de "Pretty Ballerina", de "Hey Man (Now You're Really Living)" ou encore la reprise peut-être un peu scolaire de "Girl from the North Country" de Bob Dylan, mais c'est bien parce qu'il faut trouver un peu de moins positif dans ce Live at Town Hall réellement magnifique.
- le sto, le 15 03 2006