Nous sommes en 1967, San Francisco, the summer of love ; les cheveux sont pétales et les léopards, c’est une évidence, aussi verts que le ciel. Structurés autour de Glenn Donaldson et Donovan Quinn, à n’en pas douter amateurs de buvards et autres propriétés hallucinantes, les Skygreen Leopards se la jouent tranquilles. Posés dans un parc, ils s’amusent à se répondre de leurs chants et grattent leurs douze cordes.
Tout ça sonne cohérent, historique même et pourtant… Nostalgie quand tu nous tiens…on s’esquive. Si ces deux fans de pelouse ont bel et bien croisé leurs destinées dans un parc californien, c’est là, de nos jours, que ça se passe. Du coup, le teint s’anime et le retour du power flower paraît inéluctable…enfin faut peut-être pas exagérer. En se référant à ce groupe, les hippies d’aujourd’hui paraissent – prenons des pincettes – un peu plus réalistes, pour ne pas dire résignés…
Sur ce album The Skygreen Leopards n’inventent rien, mais perpétuent l’héritage du folk psyché en disciples laborieux mais doués. A l’écoute de «Sally Orchid», ode lancinante et fleurie à l’être aimé, on pense à des maîtres tels que The Byrds et Bob Dylan. Le doux souvenir de l’orchidée précise le propos, quelques pistes plus loin : «I remember her hair, Sally Orchid, she had to go / I won’t smell every shadows on her face». La prose est de cristal ; l’émotion juste, sans rancune.
Le reste des morceaux se différencie moins. Les mélodies accrochent, mais le ton n’arrive pas à se défaire des accents country à la Neil Young – genre qui a toujours de la peine à traverser l’atlantique. Malgré cela, ce disque apaisant et hypnotique permet de réaliser que vouloir mettre en forme le monde à l’image exacte de nos rêves, est vain. Autant se contenter de catalyser les particules d’ombre en arc-en-ciel pour s’abreuver de gouttes de lumière – sur la moquette qu’on vient de fumer bien sûr –, en marge, mais centré sur l’essentiel.
[le titre éponyme en streaming ici]
- yak, le 13 12 2006