Cure (The) > Kiss Me, Kiss Me, Kiss Me

Kiss Me, Kiss Me, Kiss Me
10.1987
Notation
Rock   Pop   New Wave

D'un long baiser d'introduction à couper le souffle, Robert Smith et sa bande, développe un des albums les plus imposant et les plus hétérogènes du groupe. Durant quelques minutes, The Cure se retrouve à une des époques les plus sombre de sa carrière. Alors fini les petits singles pop, retour aux guitares et à la torture ? Pas vraiment, Kiss Me, Kiss Me, Kiss Me est un album qui part un peu dans toutes les directions, exprimant à souhait la dualité du groupe en cette fin de décennie. D'un côté la sourde et sombre souffrance d'un groupe aux abois, de l'autre une sorte d'euphorie juvénile parfois bien déroutante. Certes, le succès est maintenant bien établi, The Cure n'a plus vraiment un statut d'outsider. Une envie de ratisser large, mais également de se faire plaisir, guide probablement les choix.

Chacun fera son marché dans le panel proposé sur cet opus, mais force est de constater que certains titres tiennent mieux la route (et le temps) que d'autres. Dans la première catégorie, on se devra de citer l'époustouflant "The Kiss", véritable morceau de bravoure qui prendra une tournure fondamentale en concert. On ne pourra que sentir sa gorge se nouer sur le lent et somptueux "One More Time", lente ballade au clair d'une lune inexistante. Ensuite, nos oreilles s'attarderont sur l'urgent "Icing Sugar" au délire saxophonique virevoltant, sur les cuivres arabisants qui reviennent avec une discrète régularité depuis The Top ("If Only Tonight We Could Sleep" ou "The Snakepit"), sur la petite perle pop qu'est "Catch" ou encore sur le hit intemporel "Just Like Heaven" et sa guitare irrésistible.

Revers de la médaille, ces titres se trouvent noyés dans un embrouillamini d'autres curiosités parfois acceptables ("The Perfect Girl"; "Shiver and Shake"), parfois intolérables de nullité : "Hey You!" qui avait l'unique intérêt de ne pas figurer sur la précédente version CD pour des question de timing; "Why Can't I Be You" et son clavier ignoble ou le pitoyablement funky "Hot Hot Hot!!!" qui ne tient pas la route une seconde ; même la voix de Smith qui se la pète est à hurler!

Sur la version Deluxe, il faut se taper neuf titres en instrumental avant d'avoir droit à quelques version remixées "rough"! Eventuellement en bruit de fond on veut bien, reste que les démos en instrumental, même en karaoké ça ne sert à rien! On donnera une meilleure note aux version bootleg enregistrées fin 1987 qui remonte un peu ce disque bonus qui compte probablement comme le moins intéressant de la série jusqu'ici.

Kiss Me, Kiss Me, Kiss Me est donc un disque dense, complexe, comportant des perles intemporelles mais qui souffre d'une trop grande disparité. Le groupe semble vraiment vouloir ménager son auditoire, ne voulant pas aller à fond dans la pop, ni dans la cold-wave de ses débuts. Un gros foutoir, pas forcément facile à s'envoyer, mais une étape nécessaire pour l'élévation qui va suivre.


- le sto, le 27 10 2006