Le progrès, c’est le passé. Tel pourrait s’intituler ce (seulement) second album du trio New-Yorkais en dix années (outre une série de Eps réunis sur Memory Column). Au programme, une dream-pop subtile, énergique, osant les grands écarts entre pop, électro et shoegazing eighties. Robin Guthrie des Cocteau Twins reste d’ailleurs parrain du projet, généreux par le prêt de sa guitare scintillante et des premières vocalises de sa fille sur des bonus en disque 2. C’est bien joli comme concept, et il fallait oser l’afficher comme un objet d’architecture futuriste. Reste que la surprise est bien réelle.
Depuis «The Dream of a Modern Day», bien du chemin a été parcouru. Montagnes russes, escalades vertigineuses, les quatre premiers titres sont portés par une pulsation rythmique propice aux hautes vitesses («Supervitesse» : quoi de plus évocateur ?) ; sous quelques (plus rares) guitares stratosphériques, Mahogany ose à la fois la ligne de basse eighties bien collante et les vocaux mixtes aux refrains pompiers. On pense à la fulgurance de New Order, les textures de Depeche Mode période «Black Celebration». En cela, le spectre récurrent de Slowdive est définitivement enterré.
Le final réoriente complètement «Connectivity !» : entrez atmosphères vaporeuses et mélodies rétro finement ciselées ! Mahogany tape juste là où les Cocteau Twins se sont avérés indispensables aux débuts du label 4AD : réaliser de petits bijoux de pop sucrée, raffinés et pensés comme des pièces d’orfèvrerie. Mahogany conçoit manifestement la musique comme une architecture complexe, à la fois ancrée dans certaines traditions mais visant à l’étonnement. Et c’est bien ce que «Connectivity !» réserve en fin de compte.
[Supervitesse en écoute sur le site de Darla]
- runeii, le 20 11 2006