Musicien anglais émigré en terre bretonne, Robin Foster vient de sortir un premier album qui séduit pour le moins et bouleverse pour le plus. Imaginez-vous 10 pièces musicales offrant sur une ossature Basse/Programmations, le meilleur des rythmes chaloupés et transgressifs de la new/cold wave agrémentés d'une guitare tantôt cajoleuse tantôt belliqueuse. Un disque profondément empreint de douce mélancolie sans que celle-ci ne se transforme en colle forte et nous englue au sol. C'est ici un spleen confortable et en mouvement, jamais geignard ou démonstratif dont il est question, c'est une musique qui joue sur les motifs répétés jusqu'à l'hypnose mais aussi sur la tension qui explose soudainement par moment. C'est surtout un formidable travail mélodique et émotionnel.
Si ce disque illustre un thème c'est bien celui de mouvement dont il est question. La vie est ailleurs comme Robin nous le dit en choisissant pareil titre pour son album alors let's move on. Au fil des morceaux et des ambiances développées sur ce disque magnifique on se retrouve ainsi à rêvasser et à s'imaginer déambulant au gré d'une topographie linéaire et accueillante.
Ce baguenaudage peut se faire en voiture, un coulis mélodique fraichement bitumé avec néanmoins quelques soubresauts de guitares en guise de nids de poule. Cet itinéraire peut aussi s'effectuer en train, un train roulant sans heurts, comme si l'on glissait plaisamment sur une piste sans accident de relief, un train de nuit qui file à vive allure sans pour autant que l'on perde de vue le paysage du dehors et tous ses détails.
On pourrait s'arrêter sur chacunes des dix pistes de l'album et y vanter leurs mérites mélodiques et émotionnels, une musique qui fait souvent taper du pied et puis fermer les yeux, un disque réellement génial tout simplement, rendant compte de moult influences goûtues sans que celles-ci ne trustent les premières places à l'heure des récompenses tant elles sont assimilées et participent à une expression musicale singulière. On dit merci à Robin Foster, on espère surtout que son si bel album attisera la curiosité du plus grand nombre.
- Le Bornu, le 28 05 2008