Parfois les disques qui se vendent le plus, ceux qui révèlent un groupe au monde, se trouvent ne pas être les meilleurs... parfois! Après une période de noirceur, The Cure avait, avec The Top, varié un peu ses activités et proposait un visage plus accessible. Avec The Head On the Door, le groupe de Robert Smith va réaliser un de ses albums les plus réalistes. Les titres sont assez concis, le groupe semble bien s'entendre, Simon Gallup est revenu au bercail et Smith semble avoir l'esprit en relative joie (on se comprend !).
Passons donc la tête par la porte pour contempler cet opus à la pochette à nouveau bien abstraite. Si le single "Inbetween Days" et ses petites guitares sèche s'avère passer la rampe, il faudra attendre le cinquième morceau ("Push") pour retrouver un titre digne d'intérêt grâce à une introduction fulgurante qui sort l'auditeur de l'assoupissement (voire de l'agacement). Celui-ci a quand même du s’envoyer l'ignoble "Kyoto Song", le flamenco-con-con "The Blood", où Smith avoue être paralysé, et le longuet "Six Different Way". Mais la splendeur "Push" ne dure qu'un temps, on se renfonce dans des morceaux à rallonge dénués de toute saveur jusqu'au final "Sinking" qui sauve les meubles par sa basse langoureuse et son climat de fin d'époque. Le comble du sommet sera atteint par le putassier "Screw", un des pires titres du groupe, même si le riff de guitare inspirera, peut-être, les Rage Against the Machine (!). Certes "A Night Like This" sonne bien, il n'est pourtant qu'une ressussée du sublime "A Strange Day" présent sur Pornography.
L'édition Deluxe comprend quelques points d'intérêt tout de même avec quelques inédits, dont le très réussi "Lime Time", le cyclique "A Few Hours After This…", la détresse de "The Exploding Boy" ou encore la version live-bootleg de "Sinking", exquise de noirceur. Quelques instrumentaux d'un assez bon goût, quelques versions un peu différente des studios classiques, toujours intéressantes sans forcément s'en trouver captivantes. Le coup de grâce : "A Man Inside My Mouth", affreuse mascarade dont on comprendra ou Indochine est allé chercher ses mauvais titres et pourquoi les Inconnus ont ironisé avec "Isabelle a les yeux bleus".
Au final, le disque de la révélation au grand public pour The Cure, dommage car il s'en trouve être le plus faible. Robert Smith s'embarque dans des plans foireux et la bouse présente ici n'est sauvée d'extrême justesse du carton rouge que grâce à trois titres relativement solides.
- le sto, le 2 10 2006