Au premier abord, l'univers sombre et neurasthénique de Poni Hoax semble déployer son esthétique post-punk à paillette comme un refus de céder directement aux rythmiques funky et aux refrains entêtants. Si à première écoute, l'album peut sembler linéaire, c'est en entendant à nouveau « Pretty Tall Girls » et son brusque changement de rythme que l'on pourra mieux se convaincre que l'on a affaire à des musiciens qui ne limitent les registres que par souci de cohérence. Groove new-wave, envolées de guitares en apothéose, multiplicités des interventions synthétiques, la sobriété toujours en point de mire. Et surtout une volonté de ne jamais faire dans le tube basique. Un style aussi glacial qu'une boule à facette dans un bunker, auquel on sera réceptif ou non, quelque part entre M83 et le Cure de Seventeen Seconds.

Si tous les morceaux ne sont pas inoubliables, la plupart d'entre eux sont suffisamment accrocheurs pour soutenir de nombreuses écoutes, et les autres dévoileront peu à peu leur inquiétante étrangeté. En tout cas le mélange d'influences présents sur ce disque n'appartient à ma connaissance qu'à Poni Hoax, et ceux-ci prouvent qu'ils sont capables d'en tirer la substantifique moelle sans vouloir à tout prix éclater les structures, réinventer la pop-music, un bon vieux couplet-refrain de derrière les fagots, des pre-chorus savamment dosés et le tour est joué. Le titre « Hypercommunication » est à ce titre un exemple remarquable de chanson pop épique quoique toute en retenue, et rien que pour ça, ce Poni Hoax méritera de figurer dans mes coups de coeurs de l'année.

- lina b. doll, le 29 10 2008