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Overcast!
1997
Notation
Hip Hop   

Après plusieurs mixtapes (Headshots volume 1 à 7), Overcast! est le premier véritable album d’Atmosphere. En 1997, le rap se résume encore à la guerre fratricide entre côte est et côte ouest, la scène de Minneapolis représentée par le label Ryhme Sayers n’en est qu’à ses balbutiements. A l’époque, Atmosphere comprenait Slug (Sean Daley), Spawn et occasionnellement Beyond au micro, ainsi que Ant à la production. Après cette première galette, seuls Slug et Ant continueront l’aventure Atmosphere, garantissant à Overcast! de rester à part dans l’histoire du groupe.

C’est un premier album comportant quelques erreurs de jeunesse, mais qui frappe d’entrée par la qualité des textes, très loin des clichés hip hop traditionnels, et presque aussi loin de ce que certains appelleront plus tard l’emo-rap. On oscille entre mysticisme et réalisme, avec des textes inventifs et imagés. La recherche de la vérité et la quête de soi ("Brief Description", "Adjust") sont des thèmes centraux sur Overcast!, tout comme d’autres beaucoup plus légers ("4:30 AM"). Slug captive déjà, fort de son expérience des battles, par l’intensité de sa prestation, sa capacité à rebondir sur les mots, et trouve en Spawn un très bon contrepoint, grâce à sa voix plus grave, plus posée.

La musique a un côté old school, ce hip hop squelettique est plein de craquements, les rythmes frappent sèchement, mécaniquement. Les samples sont minimaux, dans un esprit hip hop urbain, avec pas mal de scratch (l’instrumental "@" notamment), loin des orchestrations funk et jazz foisonnantes de Lucy Ford - ces deux albums sont d’ailleurs incomparables quasiment en tous points. Il m’a fallu un certain temps pour passer de Lucy Ford à Overcast!, mais aujourd’hui ce sont de loin les 2 disques d’Atmosphere qui tournent le plus souvent sur ma platine.

Sur 17 titres et plus de 70 minutes, il y a forcément des temps morts, mais aussi beaucoup de classiques, des moments rares qui définissent toute une carrière. "Multiples" est un véritable hymne, énumérant toute la philosophie d’Atmosphere, avec un flow aussi fluide que limpide. Morceau rare retrouvant une parfaite alchimie entre les MC’s Slug et Spawn. "Scapegoat" est le meilleur de Slug en 4 minutes, une suite d’associations d’idées surréaliste et fulgurante, toutes des excuses pour ce qui va mal (« It's sleep, life, and death/It's speed, coke, and meth/It's hay fever, pain relievers, oral sex, and smokers breath/It stretches for as far as the eye can see/ It's reality, fuck it , it's everything but me »).

Overcast! a permis à un plus large public de découvrir ce collectif qui allait aider à renouveler le hip hop, en y injectant un bonne dose de créativité et de talent. Grâce à des MC’s qui laissent leur ego au vestiaire, les textes atteignent ici une profondeur totalement inédite dans le monde du rap. Overcast! restera un disque majeur du hip hop indépendant.

- JP, le 27 09 2006