Pour son 548ème album (au moins), Killing Joke revient à un son nettement moins metal que sur leur éponyme de 2003 (excellent au demeurant). Autant le dire tout de suite, on a pas de quoi être surpris un seul instant sur ce disque à la pochette particulièrement cauchemardesque. Tout a déjà plus ou moins été fait de la sorte par le groupe dans le passé, mais l’efficacité est au rendez-vous, et il est difficile de réprimer une envie de danser plus que jamais primitive.
Killing Joke est plus sournois que jamais, plus obsédant encore, notamment sur des morceaux comme « Walking with Gods » ou « Judas Goat », qui sous des airs un peu bourrins se révèlent des morceaux de malaise d’anthologie. Dommage seulement que le disque ne semble passer à la vitesse supérieure qu’à partir du quatrième titre, après deux morceaux franchement anecdotiques et un « Invocation » irrésistible mais pompier en diable.
De diable il en est d’ailleurs fortement question au cours d’un album arraché aux « sous-sols de l’enfer », métaphore qui pour nombre de groupes prêterait à sourire. Mais Killing Joke reste ce rictus carnassier de charognard sous acide, irréductible résidu 80’s plus abrasif que jamais et d’un cynisme redoutable. Un disque qui ne deviendra jamais un classique, mais dont aucun groupe n’aurait à rougir, pas même Killing Joke face à son propre mythe.
- lina b. doll, le 8 08 2006