On ne s'attendait pas à des miracles, après les très convenus By the Way et le Live at Hyde Park de 2004. Mais tout de même, un double album avait de quoi piquer notre curiosité, malgré la laideur de la pochette. Peut-être les Red Hot ont-ils pris des risques, tenté le concept album, peut-être se sont-ils lâchés quelque peu? Les premières écoutes rassureront MTV : on a affaire à un double album très "middle of the road", exactement la musique qu'on en est venu à prévoir de la part des Red Hot après l'excellent Californication en 1999, sans savoir vraiment comment le groupe a pu tomber si bas et rester embourbé dans cette pop préformattée si longtemps.
Dès "Dani California", le ton est donné, un petit refrain plein d'overdubs d'Anthony Kiedis qui se permet aussi une sorte de rap pendant les couplets ira comme un gant à toutes les stations radios du monde. Le format radio est scrupuleusement respecté, et s'il on pouvait excuser un manque d'inspiration sur By the Way, ici le groupe s'installe comfortablement dans la facilité, faisant du Red Hot au kilomètre, pas sur un disque, mais deux (selon certaines interviews, le groupe avait du matériel pour 3 ou 4 disques...ç'aurait pu être pire!).
La production de Rick Rubin, c'est devenu une habitude, est froide et clinique, ce qui ne fait rien pour donner de la vie à ce Stadium Arcadium qui en aurait bien besoin. On a plus affaire à l'application d'une recette qu'à la composition de chansons, les paroles sont souvent un simple alibi, et la production lisse et vernie augmente cette impression de vide créatif. Si John Frusciante tire son épingle du jeu en utilisant différents effets sur sa guitare, on se demande de plus en plus comment une personnalité aussi créative peut survivre dans un groupe si stérile, et c'est pareil pour le bassiste Flea.
Suite à une fuite de l'album sur les réseaux peer to peer quelques jours avant sa sortie, ce dernier se plaignait que "c'est nous voler et c'est nul", et que cet album représente "28 chansons, 2 heures du meilleur de ce que nous pouvions offrir". Si on peut comprendre l'agacement du bassiste des Red Hots face aux téléchargements, on ne vas pas pleurer pour les Red Hots qui vendront sans problèmes plusieurs millions de "Stadium Arcadium" à des fans peu regardants. Mais pour ceux qui suivent le groupe depuis plus de 5 ans, l'achat (ni le téléchargement, aussi gratuit soit-il) de ce disque ne se justifie pas. A ce stade, peut-être que ceux qui espéraient un sursaut des Red Hots se font des illusions et qu'ils croient toujours à un groupe qui n'existe plus depuis bien longtemps. On ne peut donc pas appeler cet album une déception, mais la confirmation d'une direction prise il y a plusieurs années.
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- JP, le 15 05 2006