De lumineuses guitares grinçantes parasitent le plateau, mais lorsque la première chanson débute, c’est à un Xème Interpol que l’on songe, parce que c’est un tube et que c’est ringard. Pourtant, tout bien considéré, Film School se révèle au fil de l’album plus planant/psyché que post-punk, avec un traitement du son assez particulier qui tend plus du côté du shoegazing que de la new-wave. Certes, nous restons dans le domaine du pop-rock, mais le format des morceaux, la manière de les articuler autour de textes décharnés évoquent davantage le conspué Kid A de Radiohead que les faiseurs de tubes barbant du moment. La comparaison avec Radiohead pourrait s’arrêter là, mais un goût pervers du bruit dans sa forme la plus abstraite transparaît dans les compositions de Film School, trop polies pour être honnêtes. Si l’on évite ici la saturation noisy, je parierais cher que le groupe passe beaucoup de temps à maltraiter ses guitares lorsqu’il répète, et qu’une performance live du groupe pourrait bien se parer d’une sauvagerie sonore vaguement intellectuelle ; enfin, c’est pure spéculation. En attendant de pouvoir vérifier tout ça, un jour peut-être, sachez que Film School s’affirme avec un disque sans compromis qui fleure bon le je-m’en-foutisme à fleur de peau, auquel on reprochera quelques baisses de tension passagères.
- lina b. doll, le 30 03 2006