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Push the Heart
3.2006
Notation
Rock   Pop   Folk

Les californiens de Devics ont un goût immodéré pour les complaintes douces-amères et les blessures au cœur.
Leur pop-folk inventive parle à nos sens comme peu d’autres : merci à la voix enchanteresse de Sara Lov et aux arrangements du multi-instrumentiste Dustin O’Halloran. A eux deux, ils marient l’émotion d’une voix exquise façon Hope Sandoval ou Beth Gibbons, à des écrins sonores entre classique pastel et cabaret bleu nuit.

Rappelons ici que leurs deux derniers albums parus chez Bella Union («My beautiful sinking Ship» en 2002 et «The Stars at Saint Andrea» en 2003) se sont avérés être un tour de force impressionnant au niveau songwriting : des chansons à la sensibilité pop, sous laquelle se dissimulait une kyrielle d’influences folk acoustique, shoegazing, électro ou rock.

Sur «Push the Heart», le duo a renoué avec le contrebassiste Ed Maxwell pour notre plus grand plaisir. Les tonalités se veulent ainsi plus boisées et chaleureuses, associées à un tempo souvent ralenti et somnambule, qui n’exclut pas les avancées plus décidées («Distant Radio» et ses allures de single). Quelques ajouts des Black Heart Procession (scie musicale et guitare slide) sont aussi à mentionner même s’ils restent discrets.

Au centre de cette arène, Sara Lov susurre (le nostalgique «Memories»), se fait mutine, joueuse ou plaintive («Lie to Me»), tel le félin qui se dore au soleil. On remarque que les mélodies finement ciselées s’avèrent plus directes, les compositions moins sophistiquées et l’humeur plus méditerranéenne : le duo passe la plupart de son temps en Italie et cela s’en ressent. Le désespoir n’est donc plus de mise, les sorties nocturnes au flambeau (presque) définitivement rangées. La production claire privilégie les échos et la profondeur, parfois au détriment de l’intimité. On aimerait ainsi que les complaintes de «Push the Heart» nous touchent davantage, fruits doux et sucrés que l’on admire, voire effleure sans les goûter vraiment.

Au final, on apprécie à juste titre cette dream-pop léchée et radieuse avec juste ce qu’il faut d’amertume pour parler aux plaies du cœur. Même s’il n’atteint pas la grandeur épique ou la richesse de ses deux prédécesseurs, «Push the Heart» se révèle être un bel ouvrage dans son ensemble. A tester en concert, sachant que c’est là que la puissance évocatrice des Devics demeure la plus incontestable.

- runeii, le 21 03 2006