Comme dans toute trilogie, il y a souvent un album qui est un peu moins apprécié, dont on parle un peu moins. Ici c'est Faith, un peu pris en sandwich entre la surprise de Seventeen Seconds et la perfection de Pornography. Pourtant on aurait bien tort de passer outre ce troisième album de Cure, qui contient un hit incontournable qu'est "Primary", dark-pop-new-wave par excellence, avec un Smith qui assume de plus en plus son chant.
Mais ce qui frappe dans ce Faith, ce sont les climats, encore plus sombres que ceux de Seventeen Seconds, ce dès l'envoûtant "All Cats Are Grey". Dorénavant c'est Robert Smith qui s'occupe des claviers, ceux-ci feutrant encore plus l'ambiance, on ferme les volets, on se retire dans sa bulle et on plane. On n'est pas prêts de redescendre dans nos volutes célestes avec "The Funeral Party", rien qu'au titre on nage dans le bonheur-glauque. Réveil un peu brutal avec le très moyen "Doubt", heureusement "Drowning Man" nous replonge dans ces atmosphères que l'on aime tant, la voix de Smith s'envole décolle d'un côté, mais la stéréo nous envoie sa réponse et tente de nous raccrocher au sol, effort désespéré qui n'aboutit pas, on est déjà loin. Reste un "Faith" où la guitare de Smith entonne des accords que l'on entendra de plus en plus dans le reste de la carrière du groupe (particulièrement sur Disintegration).
En bonus sur la Deluxe Edition, "Carnage Visors : The Soundtrack", 29 minutes d'un instrumental tout à fait dans la veine du disque, en plus léger mais pas ennuyant pour un sou. Quant aux reste, les démos sont de qualité moyenne reconnaissons-le. Par contre les outtakes que sont "The Violin Song" et "A Normal Story" sont très réussies, plus légères, on aurait pu les voir garnir Three Imaginary Boys, le premier album de Cure. Les lives enregistrés en été 1981 valent plus que le détour, une superbe version de "All Cats Are Grey", très sexy. Et au final, le single "Charlotte Sometimes", bref que du bonheur…
Loin d'être un disque de transition, Faith se révèle au fil des écoutes et installe un climat définitivement sombre qui sera transcendé sur l'album suivant. Robert Smith donne l'impression ici de pleinement assumer ses actes, d'être plus sûr que ce qu'il n'était sur Seventeen Seconds. Indispensable comme les deux autres, la version Deluxe est conseillée...
- le sto, le 13 05 2005