Eels est un phénomène étrange, pour commencer ce n'est pas vraiment un groupe, c'est Mark Oliver Everett ("a man often called E") qui s'occupe un peu de tout en demandant un peu d'aide externe. Ensuite ce type, généralement décrit comme un torturé, triste et un peu dingue, réussi pleinement à faire passer ce qu'on croit être de lui, dans ses disques. Enfin, il y a un mystère E : comment avec des arrangements au fond très simple, se contentant parfois d'une simple guitare et d'une boîte à rythme ou d'une petite batterie enregistrée dans une cave, arrive-t-il à faire des chansons si belles qu'on ne voit pas le temps passer sur les 93 minutes que durent ce double album ?
Pas vraiment de faux pas, la voix rocailleuse de E règle ses comptes familiaux tout au long de l'album en alliant ballades à se tirer un plomb dans la tronche (genre "Son of a Bitch"), les ballades d'un style plus saines ("In the Yard, Behind the Church") les pop songs fastoches mais réussies, les trucs un peu cucul ("Going Fetal", moyennement réussi) et les moments de grâce ("Last Time We Spoke"). Les photos du booklet illustrent bien cet hommage familial : la couverture serait une vieille photo de sa mère décédée avec son chien de l'époque. Mais au final, c'est surtout les chansons et le style qu'on aime.
Une patte Eels reconnaissable entre toutes et un double album enregistré un peu partout de très bonne tenue, qui, sans être vraiment très révolutionnaire, est une pleine réussite qui comblera sans aucun doute les amoureux du groupe/homme.
- le sto, le 11 05 2005