Depeche Mode > Remixes 81...04

Remixes 81...04
2004
Notation
Electro   Pop

On peut se demander quelle idée a pris DM de sortir un triple cd de remixes (décliné ensuite en double puis en simple) qui couvre l’ensemble de sa carrière et qui n’apporte en soit rien de nouveau à l’édifice électro-pop du groupe (qui soit dit en passant n’a plus rien à prouver).

On aurait pourtant tort de ne pas glisser une de ces galettes sur sa platine… Dès les premières notes de « Never let me down again » (dans sa version rallongée assez proche de l’original), on ne peut s’empêcher de tomber dans le panneau : on se laisse entraîner par la rythmique imparable et les envolées de Dave Gahan ; on se rend compte une fois de plus du talent de compositeur indéniable de Martin L. Gore.

Mais au fil des titres (le mythique « Policy of Truth revisité par un des remixeurs fétiche du groupe, François Krevorkian, ou « Home » revu et corrigé par Air, qui adoucit la noirceur de l’original), on constate que les petits bijoux électropop que l’on connaît sont ici triturés, décomposés et recollés en mille et une nouvelles formes. Cette volonter de faire évoluer à l’infini ses compositions fait depuis longtemps la force du groupe, cela même lorsque Depeche Mode était un poids lourd durant les années 90, groupe de stade à la U2 ou REM.

Cela dit, les résultats de ces expérimentations de laboratoire sont parfois étranges.

Ainsi, la réussite peut être totale, en particulier en ce qui concerne les compositions de « Violator », album central et indépassable de la discographie du groupe, avant son revirement plus rock au début des années 90. « World in my eyes », « Enjoy the silence » ou « Personal Jesus » sont tous revus avec succès, tendance dancefloor fin des années 80-début des années 90. Pour les remixes plus récents de vieux titres, les résultats sont plus étonnants : Goldfrapp réalise 14 ans après une nouvelle version de « Halo » toute en chuchotements et caresses, confortable à souhait. Mike Shinoda fonde son « Enjoy the silence » dans l’électro-indus furieuse et sans concession. On peut se demander si on entend encore là du Depeche Mode.

La distance et le doute augmentent encore lorsque Underworld rénove « Barrel of a gun » dont il ne subsiste qu’une faible ligne mélodique étouffée derrière un beat implacable et répété jusqu’à l’infini. « It’s no good » est refondu en une entité breakbeat-jungle par Speedy J qui tape assez vite sur les nerfs. A ce point là, on se dit que la méthode « remix » a ses limites.

On peut donc voir cet exercice comme partiellement réussi. Parfois les originaux se voient transcendés par leurs remixeurs au point d’être surclassé (voir en particulier « In your room » par Johnny Dollar et Portishead, ou « Little 15 » que Ulrich Schnauss rend plus doux que l’air), et parfois on ne peut s’empêcher de vouloir arrêter le massacre. Il en reste pourtant toujours quelque chose de magique et d’ennivrant, une envie de s’élancer sur un dancefloor ou d’appuyer à fond sur l’accélérateur. C’est sans doute ce qui rend Depeche Mode si indispensable à notre univers musical, ce sous toutes ses formes.

- runeii, le 15 02 2005