Définitivement électronique, le nouveau cru des inusables Depeche Mode réconciliera les fans de la première heure. Le départ d’Alan Wilder après «Songs of Faith and Devotion» en 1993 a amené des critiques pour la plupart justifiées concernant le renouvellement créatif du groupe. «Ultra» mais surtout «Exciter» en 2001 montraient de sérieux signes de fatigue. Les textures plus industrielles alors amenées par le 4ème homme manquaient singulièrement aux hymnes électro-pop concoctés par Martin L.Gore. Ainsi, alors qu’on en attendait plus grand-chose de révolutionnaire, «Playing the Angel», l’air de rien, nous étonne.
L’entrée en matière fait du bruit, tout en dérapages synthétiques et hurlements de sirènes ; s’installe alors un tempo enlevé qui ressuscite une folle tendance eighties, là où DM se dansait en boîte. Gospel survitaminé, «John the Revelator» nous rejoue le coup de «Personal Jesus», mariage contre nature de racines blues avec les sonorités acides de l’électro. Dave Gahan chante admirablement mieux, remis de ses excès en tout genre. Comblant de nombreux espaces sonores par ses harmonies vocales, il s’est aussi mis à la composition. Ouvertures bienvenues, «Nothing is impossible» tout en décalage rythmique ou le probable single «Suffer well» se veulent plus directs que les toujours plus sombres ruminations religieuses de M.L. Gore.
L’univers sonique du groupe reste majoritairement préservé tout au long de ces 50 minutes (il est dit depuis longtemps que Depeche Mode ne pourra jamais ressembler qu’à Depeche Mode). Drapé de toute une gamme impressionnante de sonorités, explorant les tendances synthétiques d’aujourd’hui et surtout de demain, « Playing The Angel » comble définitivement le vide laissé par le départ du 4ème homme. Le culte peut donc continuer : dansez, maintenant !
- runeii, le 24 10 2005