Pan American > Quiet City

Quiet City
2004
Notation
Rock   Ambient   Post Rock

Pan American est le projet d’un seul homme, Mark Nelson, qui officie également au sein de Labradford, groupe incontournable de la scène novatrice de Chicago. La musique de Pan American est difficile à décrire tant elle ne ressemble à rien de connu ; elle pourrait être définie comme un croisement entre le dub, l’ambient et la musique acoustique. A vrai dire, non loin des paysages sonores deLabradford.

Mais ce qui différencie les deux groupes est surtout l’idée de mouvement, qui est omniprésente chez Pan American, en particulier sous la forme de rythmiques souterraines émergeant parfois à la surface. Cette surface est aménagée par des touches minimalistes d’orgue, de guitare ou de bidouilllages sonores. Ces deux univers mis côte à côte, l’un mécanique et sourd, l’autre plus aérien, possèdent un étonnant pouvoir évocateur : sur chacun de ses disques, Mark Nelson est en effet parvenu à exprimer la ville, ses bruits, ses odeurs, sa complexité, tout cela sur une toile ou sont esquissés l’air, le ciel, les rayons du soleil. Cette synthèse est particulièrement réussie sur « Quiet City », où les rythmiques dub sont moins présentes que sur les deux premiers albums du groupe, les titres amenant ici chacun une dynamique plus particulière.

Après une intro toute en douceur où Mark Nelson chuchote quelques incantations, accompagné d’une guitare acoustique et quelques nappes d’orgue, «Wing » amène une part plus mécanique et abstraite, cœur d’une ville souterraine où s’entrecroisent grincements, sifflements et martèlements, le tout dans une structure rythmique hypnotisante. Le décor est planté : la ville s’endort, se secoue, ronfle et se met à rêver. Après un réveil où la langueur et les volutes de brume matinale sont encore bien présents (« Shining Book »), on quitte le paysage urbain avec « Skylight », titre beaucoup plus acoustique et vivant, une batterie réelle et « humaine » étant mise en avant ; on accueille avec gratitude l’entrée de quelques notes de cuivres lumineuses. La suite reste une vraie réussite, Mark Nelson mariant avec bonheur ses sonorités abstraites aux tonalités plus chaleureuses de l’accordéon ou de l’orgue.

« Quiet City » met aussi à disposition une version dvd de l’album, comme l’a fait auparavant par exemple Migala, avec plus ou moins de succès. Les images sont construites à la manière des chansons du groupe : séquences filmées principalement urbaines et abstraites, nocturnes ou aveuglantes de lumière, toujours en mouvement perpétuel, répété, parfois ralenti. Ce n’est pas un film en soit, mais si on fait l’effort de s’immerger à l’intérieur (vers 3h du matin par exemple) on en garde des séquelles pour longtemps ! Pour avoir testé, je garde en tête les images entêtantes d’une piscine de zoo où plonge au ralenti et en musique une famille d’ours polaires ( !).

Pan American réalise ici ce qu’on attendait du groupe depuis 3 albums : un travail évocateur où les idées de base sont plus poussées, où se mêlent des sonorités délicates à la fois urbaines et aériennes, mais toujours très humaines. A découvrir sans tarder.

- runeii, le 9 02 2005