Après avoir été un groupe plutôt hardcore avec des grosses voix et des grosses guitares, Neurosis se dirige ici vers un métal progressif évoquant plutôt Tool que Cradle of Filth. Les morceaux sont souvent longs avec plusieurs passages instrumentaux. Une atmosphère sombre et mélancolique se dégage de ces compositions où les accalmies succèdent à des guitares tendues et oppressantes.
Nage-t-on en plein post rock ? Non, le son est définitivement un métal, même si on a souvent l'impression d'entendre Godspeed You! Black Emperor qui aurait lâché les guitares. Mais le schéma des compositions adopté par Neurosis est bien inspiré du mouvement post-rock, exemple très frappant qu'est l'excellent "Left to Wander", alternant la glace puis le feu dans un noir mélancolique et limite gothique.
Neurosis joue ainsi avec nos nerfs et nos émotions pendant près de 70 minutes durant lesquelles l'auditeur a du mal à cacher son plaisir d'aimer le sombre. Nous avons là à faire à une cure permettant d'expier un peu le mal qui hante chacun de nous, une sorte de feu psychédélique faisant ressortir toutes ces émotions enfouies (témoin l'intense et somptueux "Bridges").
Et quand, après avoir écouté The Eye of Every Storm, on éteint sa chaîne, les minutes qui suivent restent encore empreintes de cette belle et sombre mélancolie.
- le sto, le 13 12 2004