Isis > In the Absence of Truth

In the Absence of Truth
10.2006
Notation
Rock   Metal   Post Rock

Expédier cette chronique en soulignant qu’Isis a commis encore mieux que le déjà classique Panopticon, ce diamant brut se trouvant peu à peu poli, amenant l’auditeur à de nouveaux sommets d’extase … Je pourrais m’arrêter là, hop, «coup de cœur» et personne n’en parle plus.

Mais avec le temps… Une fois mise de côté la nouvelle panoplie d’effets de guitares qui laisse admiratif (on entend tantôt du Cure, tantôt du Tool), l’effet de nouveauté dissipé, force est de constater que In the Absence… peine à renouveler le genre, coincé dans un scénario préétabli et contraignant qui évite soigneusement trop de (bonnes) surprises.

Mode d’emploi : a)Escalade systématique : intro planante - montée d’adrénaline - déluge d’acier final. b)Aaron Turner entame son tour de chant par des vocaux étonnamment clairs (pas mauvais en soit mais au phrasé toujours un peu semblable) pour reprendre ensuite son beuglement coléreux en fin de compo. c)Même logique pour la section rythmique : toutes les deux à trois minutes le tempo change, crescendo progressif pour taper les 8 ou 9 minutes et l’affaire est close. Aussi évident qu’un mode d’emploi Ikea ? Ce serait ne pas faire justice à quelques heureuses incursions en territoires inconnus.

L’étonnant «Over Root and Thorn» ouvre grand les voiles sans guitares, les claviers cotonneux à souhait, dans une suite glacée qui prend peu à peu un dénouement plus hargneux. Le final est tranchant, efficace, sans préambule inutile : Isis comme on l’aime. Il faut attendre «1000 Shards» pour apprécier l’innovation tant attendue, entre son tempo asymétrique insistant, son refrain entraînant (!!) noyé dans le vocoder et les échos de guitare multipliés à l’infini. L’auditeur est noyé suffisamment longtemps… sans rupture trop précoce ou escalade au goût de déjà-vu.

Lorsqu’ils se laissent guider au feeling vers des zones inexplorées, nos post-métaleux font des merveilles : le dernier et très réussi In the Fishtank avec Aereogramme le prouve. In the Absence of Truth pue un peu trop le compromis pour être totalement honnête. Très regrettable, car le groupe n’a plus rien à prouver.

Alors peut-être qu’Aaron Turner créera une nouvelle entité qui le libère des contraintes d’Isis. On espère que le Jesu de Justin Broadrick (issu des flancs de Godflesh) lui redonnera le goût du risque.


- runeii, le 29 10 2006

Réactions

par runeii, le 28/06/2007
Ne soyons pas trop sévère tout de même ; cet album d'Isis reste d'un niveau honnête avec quelques bons titres... il a le malheur d'être précédé de plusieurs coups de maître (Oceanic, Panopticon et même le Ep In the Fishtank) qui lui font beaucoup d'ombre. La panne d'inspiration peut guetter les meilleurs... la preuve.
par The Jack, le 22/06/2007
Quelle déception ! Un album mou du genou, bourré de longueurs, peu original, répétitif, somnolent, qui ne décolle jamais... Quel ennui, à l'écoute de cet album ! Comparé au précédent, Isis est vraiment tombé bien bas, avec cet album indigne de leur talent ! Pitoyable !
par Le Sto, le 9/05/2007
En fait Isis a atteint un très haut niveau, on a donc l'impression qu'ils peuvent se contenter de dérouler leur savoir-faire et que ca va fonctionner à chaque coup. C'est le cas ici, un album pas franchement surprenant, un grosse impression de déjà-entendu, mais ça fonctionne. On hoche la tête aux bons moments, comme un politicien qui sait exactement à quel moment la foule va applaudir... Bien, sans être extra.