The Arcade Fire, groupe pop/rock que je n’avais pas encore la chance de connaître, compte un chanteur et une chanteuse, Win Butler et Régine Chassagne, avec des racines au Canada, aux Etats-Unis et Haïti. Eminemment poétique et romantique, The Arcade Fire dégage une grande émotion, réussissant à créer une musique très accessible mais très belle. L’influence des Pixies est ici prépondérante, ainsi que d’autres groupes de rock comme U2 ou The Cure, mais l’alchimie est vraiment excellente, la grande qualité de "Funeral" est de transformer le familier en extraordinaire on ne sait trop comment, peut-être grâce à une énergie communicative.
Malgré que les sources soient reconnaissables, l’exécution est pleine de conviction et nous transporte souvent dans de hautes sphères, les arrangements sont riches et la musique est généreuse, pas minimaliste pour un sou. "Neighborhood" (en fait quatre morceaux numérotés de #1 à #4) est à cet égard une réussite, la musique est cathartique et puissante tout en restant fragile. Malgré quelques moments un peu trop pop, les compositions sont variées, très riches musicalement - guitares, violons, accordéon, piano et choeurs se succèdent pour parfois se superposer de façon quasi symphonique comme sur "Wake up".
Le romantisme et le rêve sont vraiment de mise. Seule vraie déception, "Rebellion (lies)" est trop pompée sur "With or without you" de U2 et n’apporte pas grand-chose. "Funeral" se termine avec "In the back seat" mettant en avant la voix fragile de Régine Chassagne avec quelques violons et une guitare. Un constat s’impose : malgré toutes les critiques négatives que beaucoup de pète-secs pourraient mettre en avant, impossible de ne pas se laisser prendre par cette musique et de larguer les amarres. Comme dirait l'autre, la musique est bonne, un point c'est tout. S’il y a un groupe qui nous réconcilie avec la pop et transcende ses influences, c’est bien The Arcade Fire.
- JP, le 5 11 2004