Robert Fripp et Brian Eno se retrouvent plus de 30 ans après leur première collaboration sur "No Pussyfooting" en 1973. Ce disque n’a cependant plus rien à voir avec leurs précédentes rencontres, Fripp et Eno arrivent à une homogénéité jamais atteinte auparavant, on peut s’en féliciter ou le regretter, tant les harmonies et les effets guitaristiques de Robert Fripp étaient superbes lors de leurs précédents disques, notamment "Evening Star". Les notes de guitares sont pour la plupart fantomatiques et se dissolvent dans une atmosphère épaisse. La force de Brian Eno, qui se nomme lui-même un "non-musicien", est de suggérer plutôt que de dire, la musique créée dans cette optique est alors très épurée - trop peut-être.

Le premier titre semble à mi-chemin entre "Apollo Atmospheres and Sountracks" et "On Land", spatial et sombre. Le thème étant les étoiles, la musique est d’un calme absolu, elle évoque la distance, l’immensité. Chaque morceau a reçu le nom d’une étoile. Contrairement aux deux titres précédents, "Lupus" comporte un rythme diffus et des effets sonores plus prononcés, on ne sait plus où commence la guitare et où commence le synthé, ce qui crée quelque chose de beaucoup plus évocateur et de prenant que "Tarazed" et "Lyra". "Ankaa" retrouve un son de guitare plus conventionnel et plus proche des disques enregistrés par Eno et Fripp dans les années 70.

Le disque se termine avec l’oppressante "Terebellum", la plus réussie, la bande originale d’un plongeon dans un trou noir. Les effets et textures sonores sont d’une grande finesse et puissamment évocatrices. Le résultat est saisissant, et on ne peut que regretter de n’avoir pas entendu une telle intensité plus tôt. Malheureusement, "The Equatorial Stars" n’arrive à nous faire décoller qu’à certains moments, et si la collaboration entre ces deux géants est indéniablement originale, la musique créée reste difficile à aborder, et plusieurs titres semblent ne rien apporter d’intéressant. Les fans seront satisfaits par ce disque, les autres s’y casseront vraisemblablement les dents.

- JP, le 3 10 2004

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