Difficile à croire vu d’ici, mais si je vous dis qu’Istanbul peut se montrer apaisée et onirique à souhait, vous me traiterez de fou. Où donc peut bien se cacher le repos dans cette cité millénaire en pleine effervescence ? Erdem Helvacioglu vous en indiquera bien volontiers le chemin caché. Toutefois, prenez garde : ce technicien du son improvise à mesure et vous risquez bien de vous emmêler les pieds au détour d’un dédale de couloirs.

Issu sur le label américain New Albion, son dernier album-concept (attention, «concept» au sens noble du terme) tisse infatigablement des toiles dorées où il fait bon se prélasser. De son électro-ambient sophistiquée, de ses guitares déconstruites ou noyées dans l’écho, Erdem en développe des facettes reposées ou subtilement dérangeantes (tel «Sliding on a Glacier»).

Composé en live, sans filet de protection, à partir des milliers de possibilités issues d’une guitare acoustique solo et de traitements électroniques, Altered Realities garde pourtant une sobriété bienvenue, bien loin de l’exercice de style ostentatoire, un son coulant toujours limpide et lumineux.

A l’image d’un Christian Fennesz, modèle inimitable en la matière, Erdem parvient à force de crépitements, boucles et imagination à façonner un univers singulier, bien plus volatil dans sa forme que celui de l’autrichien. Disque du soir par excellence, fond sonore pour certaines occasions, il ravira les amateurs d’ambient intelligente. Ses talents ne sont plus à prouver, il confirme ici tout le bien que l’on pensait de lui.

De quoi vous offrir un repos mérité ici,

et pour le sommeil du juste, c’est par là.


- runeii, le 1 10 2007