J'entame ici une petite série de chronique qui auront peut-être de quoi surprendre certains d'entre vous, puisqu'il s'agit rien de moins que d'un petit tour d'horizon de quelques uns des disques de black metal sortis ces derniers mois et susceptibles de soulever un certain intérêt hors du cercle habituel des amateurs éclairés du genre.
Nachtmystium est un groupe américain qui pratique avec une certaine orthodoxie le blast beat binaire hérité du punk et le hurlement inintelligible réverbéré à coin, en y adjoignant une bonne dose de rigolade et un penchant pour les atmosphères planantes et épiques qui tiennent autant d'un certain heavy metal pas toujours avouable que d'un rock instrumental plus mainstream. C'est donc tour-à-tour des atmosphères élaborées limite post-rockisante et des chansons paillardes pour picoler jusqu'au bout de la nuit qui nous sont servies, entrecoupées de vieux plans black metal bourrins et poussifs, qui se font fort heureusement très vite oubliés au profit d'une profusion d'idées géniales.
La dynamique développée tout au long du disque est de celles qui réconcilient les écoles qu'a priori rien ne semblait rapprocher: le fan de pop se surprendra à headbanger le poing levé et les chevelus les plus irréductibles prendront un plaisir coupable à reprendre en choeur des refrains dignes de Bruce Springsteen. J'en rajoute un peu, mais l'idée y est.
Si l'on ajoute à ceci une production de qualité, qui donne aux guitares la profondeur qu'elles méritent dans ce style qui prend trop souvent l'excuse de l'underground pour justifier un son lo-fi indigne d'un groupe de collégiens sur amplis playskool, on obtient une des meilleures sorties metal extrême de l'année, précisément de celles qui ne bouleverseront sans doute pas les puristes (dont je suis pourtant), mais qui montrent au reste du monde que la notion de composition n'est pas totalement étrangère même aux métalleux les plus radicaux, extrêmes, et prétendument bornés.
Les oreilles curieuses et point trop timorées feraient donc bien de jeter une oreille à temps perdu sur ce disque franchement malin, dont la pochette mêlant iconographie black metal et esthétique seventies ne représente encore qu'à moitié la pléthorique galerie d'influence à l'œuvre ici.
- lina b. doll, le 4 11 2008