Pour un peu que ce second album du Suédois était attendu. La mission, de haut vol : succéder à Veneer, qu’on peut déjà aujourd’hui qualifier de génialissime, de melting-pot new folk fatal, et j’en passe.
Ainsi soit-il, il aura fallu quatre années à Jose Gonzalez pour concevoir ce petit nouveau, après la parenthèse plus psyché-indé offerte par Junip (d’excellente facture là aussi), un EP honnête (Stay in the Shade) et divers singles (dont on gardera Hand on your Heart, reprise farfelue de Kylie Minogue).
Les premières notes de «How Low» sont éloquentes : c’est bien du Jose Gonzalez pur sucre, facile avec les doigts, inspiré par ses vocaux, déclamant sobrement la condition humaine. Que ce soit sur «Killing for Love» ou «Down the Line», Gonzalez caresse la pop dans le sens du poil, deux chansons rondement menées faciles à fredonner, singles courus d’avance. Le minimalisme reste une ligne de conduite que seuls quelques percussions et un synthé en arrière plan viennent égayer. Le Suédois semble si facile et convaincant : aurait-il assimilé les meilleures leçons des Fab Four ?
On constatera pourtant sur la suite que In Our Nature emprunte toujours moins aux métissages sud-américains, ce qui me semble hélas bien dommageable en termes de surprise ! Pas de grands écarts, pas de bossa tarabiscotée, exit les harmonies latino réfrigérées par le grand Nord : le folk est plus pastoral, placide et quelque part convenu, même si certaines pages écrites sont mémorables (les huit minutes finales de «Cycling Trivialities» ). C’est finalement dans l’exercice des reprises improbables que Jose surprend une fois encore, il ose rénover de fond en comble le «Teardrop» de Massive Attack, le rendant divinement aérien.
Mais sur les 33 minutes du disque, c’est quand même le minimum syndical. On se demandera au final si In Our Nature ne souffre pas du fameux syndrome du deuxième album. La sensation d’exil et l’union de deux mondes réussis sur Veener ont perdu ici de leur impact. Jose est certainement devenu un modèle d’intégration, toujours plus loin de ses origines argentines. Quelques plumes s'en voient perdues, son spleen latin voilé par un ciel plus uniforme. Vous trouverez certainement votre compte dans cette nature là , mais reviendrez vite au premier essai.
Quatre bons titres sur son espace.
- runeii, le 11 10 2007