Howard, Rowland S. > Teenage Snuff Film

Teenage Snuff Film
2000
Notation
Rock   Punk

Ou dit autrement : le grand album d’un guitariste charismatique mais inconnu. Qui est donc ce Rowland S., auquel une double compilation a déjà rendu hommage cette année (Stagger Records) ? Oubliez d’entrée les guitar heroes surdoués, le feu sacré ne provient pas ici des rutilantes académies Satriani, mais plutôt des caves noircies où naquirent les premiers embryons du post-punk.

Fender Jaguar : outre la cigarette, c’est l’outil de travail de maître Howard. Technique suffisante sans plus dirons-nous. Par contre, feeling diabolique et rendu sonore propre à embraser les planches de n’importe quelle scène garage. La carte de visite, me direz-vous, de ce frêle Australien qui tape quand même dans la cinquantaine ? Six cordes foudroyantes des Birthday Party pour se chauffer avant le divorce d’avec Nick Cave, passage express chez les plus gothiques Crime & The City Solution, ouverture de son propre compte en pendant de Tom Waits (These Immortal Souls), sans oublier d’autres complots (Nikki Sudden, Lydia Lunch). Silence radio depuis, à se demander si les excès en tous genres et notamment addictifs l’ont rendu improductif.

En 2000 sort pourtant Teenage Snuff Film, premier et unique album solo à ce jour, un peu dans l’anonymat et sous couvert d’une pochette crade n’augurant pas grand-chose. Surprise de taille, les guitares s’érigent au premier plan dans ce qu’il y a de plus rock, mais sans ôter l’aspect brut garage-punk et suffisamment sale pour déranger nos ouïes formatées. Merci à la prod’, des riffs en tranches maousses pleuvent sur «Breakdown (and then…)», entrecoupées des plaintes monocordes de Rowland, ânonnant ses strophes de sa voix nasillarde si désabusée.

Outre ses flambées rageuses, Howard reste un grand songwriter, certes un brin barré. Des titres plus relâchés, tels «Dead Radio», ou «Autoluminescent», en basse tension et frôlements de cordes, rendent Nick Cave presque mièvre et pathétique. Moins démonstratif dans sa poésie noire, épaulé de manière cohésive (Mick Harvey des Bad Seeds à la batterie et Brian Hooper à la basse), Rowland S. Howard marie les larsens aux pensées vagabondes dans l’esprit du Velvet Underground. Preuve en est, sa relecture du «White Wedding» de Billy Idol, vénéneuse à souhait, qui supplante allégrement l’original.

Jubilatoire et unique, Teenage Snuff Film grandit sans une ridule. Et en ce temps de pillages post-punk, rien ne vaut d’écouter un maître d’école.



- runeii, le 7 09 2007