C’est sans doute la première fois qu’un disque de New Model Army nous prend par surprise : d’habitude, on a le temps de voir venir (5 ans d’attente pour Carnival...). Mais tout est allé assez vite avec High, et c’est un très bon signe pour NMA : souvent ses albums les moins convaincants ont paradoxalement pris un temps énorme....
Autant Carnival sonnait un peu bancal et transitionnel (à la manière de Strange Brotherhood), autant High est urgent et abouti (comme Eight dans un autre registre). Merci qui ? Merci Marshall Gill, pardi ! L’arrivée du guitariste barbu était ce qui pouvait arriver de mieux à NMA : non seulement il s’intégre à la perfection au son "New Model Army" (reconnaissable entre tous, plus que jamais), mais il apporte sa touche personnelle. Evidemment, la réussite de cet album incombe avant tout à l’inoxydable Justin Sullivan pour qui la flamme n’est pas prête de s’éteindre, mais il est clair que l’arrivée du nouveau gratteux nous laisse entrevoir un avenir des plus radieux.
Première bonne surprise : exit Chris Tsangardies à la production, enter Chris Kimsey ! Une vieille connaissance revenue sur le EP BD3 (2006), responsable aussi de nombreux disques des Rolling Stones dans les 70’s. La première impression à l’écoute de ce disque, c’est que NMA a retrouvé son énergie et que le côté un peu "forcé" de l’album précédent (Justin beuglant sur "Water") a disparu. Le groupe est homogène et reste très sobre, privilégiant une efficacité retrouvée.
La chanson éponyme suggère un changement de perspective : prendre de l’altitude pour voir les choses différemment, ne pas être prisonnier du quotidien. Les autres thèmes chers à Justin sont présents sur cet album : la guerre, l’embrigadement religieux ("One of the Chosen", d’un réalisme à vous glacer), la fuite du temps ("No Mirror, No Shadow") - bref, des textes fouillés et intelligents comme on les aime qui vont nous occuper un bon bout de temps.
A l’heure où tant de groupes sont instantanément étiquetables, New Model Army reste farouchement indépendant, ne sonnant jamais que comme lui-même. Si musicalement, on ne défriche pas forcément de nouveau terrain, l’énergie retrouvée du groupe balaye tout scepticisme sur les (nombreux!) meilleurs morceaux comme "No Mirror, No Shadow", chanson NMAesque au possible, mais tellement efficace, avec une rythmique très en avant comme au bon vieux temps. Marshall Gill montre tout ce qu’il peut apporter avec ses mélodies bien senties.
Mon morceau préféré reste peut-être "All Consuming Fire", NMA oldschool revisité, retrouvant les rythmiques martiales des premiers albums, avec un riff ravageur et en prime quelques violons évoquant une période dorée. En clôture d’album, "Rivers" est une perle de songwriting tout en douceur dont Justin à le secret, démontrant des qualités vocales très convaincantes. Tout aurait pu s’arrêter là , mais NMA en rajoute une couche avec "Bloodsports", déjà un hymne qui va faire très, très mal en live : une rythmique lourde, des guitares très en avant et un chorus cathartique et incantatoire (« And Into the Fire and the Blood Red Sun / The Old and Rich still Send the Young Men / Into a World of Twisted Steel and the Acrid Smell of Oil Burning / And On the Street of Hometown Now / We Watch Each Other Just Like Strangers / But Say it Loud, Scream it Loud / I am not at War ! I am not at War ! »)
Autant Carnival me fatiguait et finissait vite sur son étagère, autant High est énergisant et possède un fort goût de reviens-y, se bonifiant au fil des écoutes. Beaucoup de morceaux resteront parmi le meilleur de ce que le groupe à fait au cours de sa longue histoire. Bref, un album très réjouissant qui montre que NMA reste d’actualité et ne baissera pas l’étendard de si tôt.
[4 titres en écoute sur MySpace]
["Wired" à télécharger du site officiel]
- JP, le 25 08 2007