Si vous êtes récemment restés scotchés sur Sunset Rubdown, Panda Bear, ou l'autre ours, le Grizzly, vous n’êtes certainement pas passés à côté de cet opus, fruit d’un «supergroupe», comme on dit…
Swan Lake est la première rencontre (et espérons pas la dernière…) de trois talents du songwriting canadien: Dan Bejar de Destroyer, Carey Mercer de Frog Eyes et notre chouchou, Spencer Krug de Sunset Rubdown. Le risque serait, on le devine, d’avoir à faire à un album manquant d’homogénéité. Mais grâce à un travail formel cohérent au niveau de l’orchestration, cet opus sonne abouti et entier, spécialement sur les deux premiers tiers. Le résultat est très psyché avec une bonne dose d’effets en tout genre, insistant sur la reverbe, tremolo et autres échos, sans oublier une disto acide, enrobée de soufre.
Citons l’excellent «City Calls», à la fantasmagorie épique: un souffle soutenu par un sens mélodique sans faille. «All Fires», peut-être le meilleur morceau du disque, en tout cas le plus posé avec la voix poignante et légèrement fissurée de Spencer. L’énigmatique «Petersburg, Liberty Theatre, 1914» aux accents plus dark, proche d’une new-wave gothique et lancinante ; ses beats aux sons organiques, mais à l’exécution toute machinique. Le dernier délire, «Shooting Rockets» part se confiner non loin d’un rituel sentencieux, assez déstabilisant et presque flippant – envoûtant à souhait.
Ce disque comporte ses faiblesses, par passages, dans l’éventualité où cette ambiance puisse fatiguer par son trop plein d’esprits, parfois, selon les dispositions. C’est clair que l’on se doit de prendre son temps et de se laisser inviter au voyage onirique. Car attention: cet album se savoure.
[Deux titres en download sur le site du label]
- yak, le 17 04 2007